Aux termes d’une deuxième égalité entre les candidats Benyamin Nétanyahou et Benny Gantz le 17 septembre dernier, l’arène politique d’Israël tente l’unification nationale des principaux partis pour organiser un gouvernement de coalition fonctionnel.
Le scrutin proportionnel plurinominal israélien permet aux électeurs de voter pour les candidats d’une liste préalablement établie. Les sièges sont ensuite partagés en fonction du nombre de votes accumulés par les partis. Selon le chargé de cours en science politique à l’Université du Québec à Montréal Hugo Bonin, ce système «favorise généralement une pluralité de partis et cela pousse à faire des coalitions entre les partis, pour pouvoir avoir une majorité en Chambre».
Lors des dernières élections, la coalition Bleu et Blanc de Gantz a obtenu 33 sièges (54 avec ses alliés) sur les 120 disponibles, contre 31 (55 avec ses alliés) pour son adversaire de droite, le Likoud, parti de Nétanyahou. Les deux principales formations n’arrivaient pas à atteindre la majorité absolue de 61 sièges.
Le président d’Israël, Reuven Rivlin, dont le rôle est honorifique, avait confié à Nétanyahou le poste de premier ministre pour former un gouvernement d’union. «Il n'y a pas, entre les deux grands partis, de fossé impossible à franchir pour former un gouvernement durable capable de neutraliser la force des petits partis et de réaliser la volonté de la majorité [de la population]», précise Régine Forte, professeure franco-israélienne à la retraite vivant en Israël depuis 46 ans.
Ayman Odeh est à la tête de la Liste unifiée, un regroupement de quatre partis arabes aux idéologies diversifiées. Il avait quant à lui recommandé Gantz pour être le prochain président de la Knesset. Son objectif était de mettre fin à la décennie de gouvernance de Nétanyahou, qu’il accusait de discrimination envers les communautés arabes minoritaires.
Nétanyahou capitule
Auditionné par la justice pour corruption, abus de confiance et malversations, Nétanyahou a finalement renoncé au poste de premier ministre à deux jours de son échéance. Il obtiendra difficilement l’immunité du Parlement, une protection votée en Chambre, puisqu’il n’est plus le chef de file de la 22e Knesset. L’immunité parlementaire est un principe qui permet «d’échapper facilement à la justice», explique Hugo Bonin. Reuven Rivlin a donc attribué le mandat à Gantz, qui a 28 jours pour rassembler la majorité.
Cependant, Avigdor Lieberman, du parti nationaliste laïc Israël Beitenou, refuse de se joindre aux haredim, les ultra-orthodoxes, qui appuient Nétanyahou. Il exclut aussi la possibilité d’appuyer le centriste Gantz puisque les Arabes d’Israël, soit près de 21% de la population, le soutiennent. Mme Forte ajoute : «Je crois, comme un très grand nombre de mes compatriotes, qu'un gouvernement d'union nationale est non seulement possible, mais qu’il est requis.»
Néanmoins, le manque de collaboration entre les deux favoris fait planer l’odeur d’une nouvelle dissolution du Parlement qui entraînerait Israël vers un troisième scrutin.
Photo par Rafael Nir, unsplash