Au cours des dernières décennies, plusieurs mouvements féministes, comme No Marriage (Pas de mariage) et Escape The Corset (S’évader du corset), sont apparus en Corée du Sud pour dénoncer les normes sociales qui nuisent aux droits des femmes, à leur indépendance et à l’égalité entre les sexes.
Le mouvement Escape the Corset (S’évader du corset) est apparu en 2018 à la suite du courant mirroring (effet miroir), mis de l’avant par la communauté virtuelle du site internet féministe Megalia, qui inversait les rôles sociaux des hommes et des femmes.
Il s’opposait à l’ensemble des normes sociales imposées aux femmes coréennes. Toutefois, les standards de beauté, qui font la promotion d’une image sexualisée de la femme, représentaient les principales revendications du mouvement.
Les femmes coréennes ont entamé plusieurs pratiques individuelles : détruire leurs produits de maquillage, couper leurs cheveux, refuser de porter un soutien-gorge, abandonner les chaussures à talons hauts ou encore rejeter l’épilation. Elles publiaient par la suite des photos ou des vidéos de leurs pratiques sur les médias sociaux.
La militante de la Flaming Feminist Action, un groupe créé en 2016 qui dénonce les violences et les pressions contre les femmes, Lee Gahyun, ajoute que des actions collectives dans des espaces publics ont également été organisées.
« Le mouvement d’Escape the Corset s’implante dans la vie quotidienne des femmes qui évitent d’adopter des comportements nuisibles à la santé, rejettent l’évaluation de l’apparence ou l’objectification sexuelle et se concentrent sur ce qu’elles veulent faire », précise-t-elle.
Mme Lee a participé au mouvement avec cinq autres amies féministes en rasant ses cheveux. Cependant, cet acte les a empêchées de se trouver un emploi, car les employeurs étaient réticents à l’idée d’embaucher des femmes aux cheveux rasés dans un secteur principalement occupé par les hommes.
Mme Lee mentionne que « le mouvement d’Escape the Corset de ces jours-ci ne se concentre plus sur l’exposition de l’apparence non embellie », mais plusieurs femmes, « influencées par le mouvement », continuent de ne pas se maquiller, de conserver leurs cheveux courts et de porter des vêtements confortables plutôt que des vêtements serrés.
Des apparences peu diversifiées
Julia Chung, étudiante en première année de droit à Ottawa et originaire de Corée du Sud, indique que « la société coréenne est très sensible à la perception des gens ». Les principaux standards de beauté en Corée du Sud incluent un petit visage, une peau pâle et un corps mince. Mme Chung ajoute que les personnes coréennes s’habillent de façon très similaire, ce qui vient supporter l’homogénéité des standards de beauté.
L’étudiante estime que la société coréenne, qui « n’a jamais été historiquement une société très multiculturelle », souffre d’un manque d’ouverture d’esprit. « Quand elle doit accepter des différences, la Corée demeure proche de ses mentalités », explique-t-elle.
Traduction en français du témoignage de Lee Gahyun par Cheolki Yoon
Crédit-illustration: Camille Dahaene