Lors de la sortie en salle en octobre dernier du film Les Rose, produit par Félix Rose, fils du felquiste Paul Rose, deux clans se sont formés. Ceux et celles qui ont argué qu’un tel film glorifiait des terroristes et ceux et celles qui ont acclamé un documentaire qui permettait de lever le voile sur des aspects méconnus de la crise d’Octobre. Je fais partie de cette deuxième catégorie.
Je suis sortie du film avec l’envie de faire la révolution et de me battre pour l’indépendance du Québec. Je me suis assagie depuis, mais quelques éléments découlant de la crise d’Octobre, alors qu’on célèbre officiellement ses 50 ans, me tracassent.
Où sont les mentions de ces événements politiques qui ont forgé notre histoire? Pourquoi est-ce qu’on nous répète ad nauseam que la crise d’Octobre, c’est l’enlèvement de James Richard Cross, l’enlèvement et le meurtre de Pierre Laporte et l’application de la loi martiale? Pourquoi ne parle-t-on pas du dessein inavoué du gouvernement fédéral de briser les ailes du mouvement souverainiste qui avait alors le vent dans les voiles? Pourquoi est-ce qu’on ne nous parle pas de la saveur féministe de la crise d’Octobre?
Ce que je ne savais pas d’Octobre 70
J’ai appris par Les Rose que les femmes ont pu siéger en tant que jurées après un coup d’éclat fait au procès de Paul Rose. Alors que j’ai étudié en histoire au cégep et à l’université, que je suis spécialisée en histoire du Québec, c’est par hasard, en parlant avec un collègue algérien, que j’ai appris que le Front de libération du Québec (FLQ) avait des bureaux en Algérie. Jamais dans mes cours il n’en avait été question!
Si, par cette crise politique, le Québec avait obtenu son indépendance, douterions-nous encore la pertinence de la commémorer? Parle-t-on encore à ce jour des frères Rose du bout des lèvres parce que leurs actions, contrairement à celles de Napoléon, de Che Guevara ou de Toussaint Louverture par exemple, n’ont pas fonctionné?
Mon propos ici n’est pas qu’il faillesous-estimer ce qu’a fait le FLQ : en sept ans, il a fait plus de 200 attentats à la bombe, a volé des armes, de la dynamite et de l’argent, a causé le décès de neuf personnes (dont trois de ses membres) et a fait des dizaines de blessés. Est-ce qu’on peut remettre en question ses moyens? Certainement! Faut-il réduire ses actions à la mort de Pierre Laporte et à l’enlèvement de James Cross? Non! Il faut, selon moi, apprendre aux Québécois et Québécoises le contexte derrière cette crise et ses répercussions sur la société québécoise qui ne se limitent pas aux funérailles nationales du ministre Pierre Laporte.
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