Une discussion pour limiter l’accès aux sites de pornographie émerge en 2013 en Islande à la suite de la proposition de l’ex-ministre de l’Intérieur, Ögmundur Jónasson. Dorénavant, elle est plutôt axée sur l’amélioration de l’éducation sexuelle dans ses écoles, en plus d’être menée par des femmes.
L’idée de restreindre l’accès en ligne aux sites pornographiques avait été proposée dans le but de protéger les enfants des effets de la pornographie à caractère violent. Pourtant, cette proposition ne s’est jamais concrétisée en un projet de loi écrit.
La sexologue et éducatrice sexuelle islandaise Sigga Dögg estime que limiter l’accès aux sites menant à du contenu pornographique n’est pas la meilleure approche, notamment pour lutter contre les violences infligées aux femmes. « Ce n’est pas une stratégie efficace de dire non aux drogues, à l’alcool. Alors, pourquoi ça serait efficace avec la porno ? Enlever la pornographie de l’équation ne va pas résoudre le problème », croit-elle.
Le Parti pirate, créé en 2012 par des militants et des militantes d’Internet, s’était également opposé à cette idée, puisqu'elle brime la liberté d’expression. « L’idée de filtrer l’Internet de cette façon est absurde, c’est antidémocratique. Et, d'un point de vue technique, elle aurait été impossible à exécuter à moins de renforcer un État totalitaire en bannissant d’autres éléments », pense le député élu du parti, Helgi Hrafn Gunnarsson.
« Le fait de ne pas pouvoir parler de sexualité dans la société est nocif. Il y a eu un manque de communication pendant trop longtemps. Ne pas avoir une bonne éducation sexuelle est un réel danger. » - Sigga Dögg
À la suite de cette proposition, un débat animé et désinformé est né au sein de la population islandaise d’après M. Gunnarsson. Cependant, la discussion a été éphémère. « L’idée de diaboliser la pornographie était populaire, mais celle de censurer les gens ne l’était pas. Le débat n’est pas allé plus loin », remarque également Mme Dögg.
Plus de sensibilisation, moins de restriction
Bien que l’initiative de l’ex-ministre de l’Intérieur n’ait pas pris forme, elle a ouvert la voie à une nouvelle discussion portant davantage sur l’éducation sexuelle. Sigga Dögg estime qu’il s’agit d’une conversation nécessaire. « Le fait de ne pas pouvoir parler de sexualité dans la société est nocif. Il y a eu un manque de communication pendant trop longtemps. Ne pas avoir une bonne éducation sexuelle est un réel danger », détaille-t-elle.
Selon la sexologue, l’éducation sexuelle dans les écoles doit être améliorée et uniformisée dans l’ensemble de l’Islande, car l’enseignement connaît des disparités.
En décembre 2020, le gouvernement de Guðni Thorlacius Jóhannesson a créé un comité de 13 experts et expertes afin d’améliorer le contenu de l’enseignement concernant la sexualité dans les écoles primaires et secondaires du pays. Ces changements, qui seront connus en mai 2021, sont également réalisés pour éviter la violence sexuelle.
Illustration : Sarah Brûlé