La COVID-19 ne fait pas de distinction, vous me direz. Cette maladie infectieuse virale s’attaque férocement aux aînés, douloureusement aux petits. Elle ne fait pas de différence entre un humain asiatique ou caucasien, pas plus qu’entre un homme et une femme.
Tout de même, il ne faut pas être naïf et croire que les sans-abri ont autant de chance que ceux et celles ayant un toit sur leur tête. De même qu’il ne faudrait pas croire que les femmes n’ont pas plus de craintes à avoir que les hommes.
Une fois de plus, l’accès à la contraception et le droit à l’avortement sont mis à mal. Ces droits « acquis » sont écartés dans le but de libérer des médecins ou parfois même juste des lits d’hôpitaux. Comme si ces femmes enceintes pouvaient se permettre d’attendre ces quelques jours, ces quelques semaines. Comme si leur ventre allait cesser de grossir puisque le reste de l’humanité est sur pause.
Au Royaume-Uni, 86% des cliniques ne peuvent plus offrir les moyens de contraception à longue durée les plus efficaces tels que le stérilet ou l’implant, et un tiers des services ont cessé de donner l’injection trimestrielle. Pour cause, les médecins généralistes pratiquant ces interventions doivent opérer dans un autre service pour aider avec le coronavirus. Une noble cause, mais qui laisse des milliers de femmes démunies et inquiètes avec la lourde crainte d’une grossesse non désirée.
De l’autre côté de l’océan, les manœuvres américaines sont encore moins subtiles en ce qui vise à brimer les droits des femmes. Le Texas, tout comme plusieurs autres états conservateurs, a tout simplement interdit les avortements en son territoire dans le but de libérer des lits d’hôpitaux. Ou comment en tirer parti sans attendre.
Cet abus de pouvoir a toutefois été révoqué par les tribunaux du pays qui y ont vu une instrumentalisation de la pandémie à des fins idéologiques. Cette abrogation a tout de même duré deux semaines au cours desquelles les médecins risquaient d’écoper d’une amende de 1000$ et d’une peine de prison de 180 jours.
Au Canada, bien que toutes les provinces aient l’intention de continuer les interruptions volontaires de grossesse (IVG), force est d’admettre que l’état actuel du système de santé nuit grandement au bon déroulement de ces interventions. Certaines provinces n’ayant pas plus qu’une ou deux cliniques, voire aucune, la distanciation sociale et le confinement des régions rendent encore plus laborieux l’accès à celles-ci.
Simone de Beauvoir a jadis dit cette célèbre citation : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Cette crise sanitaire donne tristement raison à madame de Beauvoir. Il faut rester vigilantes. Surveillons les institutions et regardons-les jouer avec nos droits comme s’il n’en était rien. Et le jour où ils franchiront la limite, nous serons là.
Ventre ou pas.
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