La communauté scientifique internationale, notamment des États-Unis, de l’Australie, des Seychelles, de la Chine et des pays scandinaves, se mobilise depuis plusieurs années pour contrer l’extinction des récifs coralliens.
Lorsqu’il est question d’impression 3D dans le domaine marin, ce ne sont pas les coraux eux-mêmes qui sont imprimés, mais bien différentes structures sur lesquelles les coraux peuvent proliférer plus aisément.
Lorsque les coraux se reproduisent et qu’ils relâchent leurs œufs et leurs spermes dans l’eau, des larves qui se déplacent au gré des courants parmi le plancton sont libérées. Elles se déposent ensuite à un endroit propice à grandir.
« Les larves ont plus de facilité à se fixer à certains matériaux que d’autres », explique la professeure de biologie et chercheuse à l’Université d’Ohio Andréa Grottoli.
« Ça a beaucoup à voir avec la porosité de la surface qui est utilisée[pour l’impression 3D], c’est pour ça que le béton et l’argile fonctionnent mieux. Ça crée naturellement des petites cavités et des crevasses où les larves aiment s’installer, dit la chercheuse. Le plastique et les surfaces sans relief ont donné les pires résultats ». Elle précise que cette technologie sert à faciliter la reproduction des coraux, et non à en créer artificiellement.
Les imprimantes 3D, qui peuvent coûter jusqu’à 200 000 dollars américains, sont seulement utilisées pour l’échantillonnage. « C’est trop dispendieux pour les impressions qui sont plus grosses », souligne Mme Grottoli.
En laboratoire, les biologistes impriment les prototypes des structures et leur donnent différentes formes. Une fois l’échantillonnage terminé, celles qui fonctionnent le mieux sont produites avec des moules de béton ou d’argile à plus grande échelle.
L’équipe a découvert que les moules en forme de dômes sont les plus efficaces, surtout lorsqu’ils sont utilisés avec la technologie Musella, découverte par Andréa Grottoli elle-même. Cette technologie augmente la concentration de zooplanctons dans l’eau, une source de nourriture importante pour les coraux en première phase de développement.
La plus récente avancée dans cette recherche consiste à placer une source de lumière dans un dôme troué, ce qui attire davantage les larves.
Les récifs coralliens, une ressource essentielle
La disparition des récifs coralliens a de redoutables conséquences, autant pour l’homme que pour les millions d’espèces marines qui y vivent. Ils abritent plus de 25% de toute la vie marine sur Terre. Pourtant, ils représentent moins de 0,25% des océans, selon l’Organisation des Nations unies (ONU).
Les récifs coralliens assurent, grâce à la pêche, la subsistance directe de 500 millions de personnes dans le monde et protègent les côtes de la houle et des tsunamis plus efficacement que n'importe quelle construction humaine.
« Il est trop tôt pour avoir des résultats quantifiables », indique la professeure Grottoli. Les coraux ramifiés, l’une des espèces de coraux qui croissent le plus rapidement, prennent cinq ans avant d’atteindre leur forme reproductive.
« Le vrai avantage de cette technologie, c’est qu’elle aide à la formation de nouveaux coraux. C’est dans ces conditions que de nouvelles combinaisons génétiques peuvent se produire et certains développeront les gènes adéquats pour survivre et s’adapter à un environnement hostile », dit la professeure.
Autrement dit, la sélection naturelle volontairement engendrée par cette recherche constitue le génie derrière cette solution.
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