Nige-Tore, développée par Katsuya Yamori et Natsumi Okada, des chercheurs de l’Institut de recherche sur la prévention des catastrophes à l’Université de Kyoto, permet à la population de se préparer au prochain grand séisme de Nankai, qui pourrait s’avérer particulièrement dévastateur.
L’utilisateur ou l’utilisatrice de l’application doit configurer la hauteur de la vague, puis l’endroit et le moment où elle arrivera aux coordonnées géographiques de la personne. Nige-Tore offre un suivi par système de positionnement satellite capable de calculer l’ampleur des inondations dans les secteurs environnants.
Ainsi, la personne peut se déplacer vers un endroit plus sécuritaire, situé en hauteur. À la fin de la simulation, l’application évalue si la personne a réussi son évacuation ou si elle serait décédée dans un contexte réel.
Selon Yannick Hémond, professeur en résilience, risques et catastrophe au département de géographie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), l’application est intéressante puisqu’elle offre différents niveaux de simulation de catastrophe, de facile à très dangereux. Ils permettent ainsi de s’entraîner face à plusieurs situations probables.
L’application s’ajoute aux divers outils de communication qui incitent la population à adopter un certain comportement. « Pourquoi on simule et on s’entraîne ? Pour que quand l'événement arrive, on ait les bons réflexes », ajoute le professeur.
Un outil parmi d’autres
Nige-Tore se greffe aux systèmes d’alerte et de prévention des tsunamis, comme l’explique Sebastian Weissenberger, professeur en science de l’environnement à l’Université TELUQ et à l’UQAM : « Il y a tout un système de capteurs dans les fonds marins qui peuvent détecter une vague. S'il y en a une qui passe au fond de la mer, on sait que c'est un tsunami parce que les vagues [provoquées par] des tempêtes et des ouragans, c'est juste à la surface. »
Les scientifiques rappellent que l’application ne serait pas utilisable en situation réelle. « En cas d'urgence, c'est trop tard pour se préparer. C’est là où les tsunamis sont particulièrement dangereux. Ça va tellement vite que le temps pour aller quelque part, ça se compte en minutes », illustre M. Weissenberger.
Cette technologie pourrait être utile au Québec, selon M. Hémond : « On simule une inondation et on demande : “Avez-vous pensé à couper l'électricité ?” ». Le Québec pourrait, comme le Japon, avoir une meilleure gestion des risques s’il variait ses outils en matière de prévention, pense le professeur.
Illustration : Annabel Ouellet