Mi-septembre 2020, un mouvement a vu le jour en France : #Lundi14Septembre. À l’occasion, les lycéennes étaient invitées à s’habiller de manière « provocante » et « indécente » afin de lutter contre les discriminations sexistes.
«La question n’est pas de savoir si l’on doit mettre une jupe, une robe ou que sais-je, mais quand c’est hyper court […] Je pense que le bon sens vaut mieux qu’un long règlement en la matière» leur a répondu le président français Emmanuel Macron le 18 septembre dernier.
Comme toujours, les réponses des représentants et représentantes du gouvernement étaient attendues sur le sujet. En visite dans la ville de Condom (ce n’est pas une blague), le président Macron a donc appelé les Français au «bon sens».
Bon sens, pas de sens
Qu’est-ce que le bon sens à l’heure où l’émancipation des femmes est au cœur du débat public? Qu’est-ce que le bon sens dans une époque où les femmes doivent s’habiller d’une manière ou d’une autre, sous prétexte qu’elles risquent de déranger?
Le «bon sens», c’est l’égalité. Pourtant, 66% des lycées refusent l’accès aux jeunes femmes dont les mamelons sont apparents à travers les vêtements. Tant que la mentalité des individus et des institutions prônera une tenue vestimentaire qui empêche les femmes de s’habiller comme bon leur semble, on ne pourra parler d’égalité. Faire appel au «bon sens», c’est faire reculer les choses, selon nous.
Le «bon sens» serait d’envoyer le message clair que l’hypersexualisation des femmes n'a pas sa place dans un lycée. Ne cherchons pas à sexualiser une épaule, ou quelconque autre bout de peau dès qu’il est visible. La femme ne devrait pas être tenue seule responsable de la sexualisation de son corps. C'est un enjeu sociétal.
Refuser d’instaurer des règles claires, c’est aussi nier une équité entre les hommes et les femmes quant à leur liberté vestimentaire. Se fier au «bon sens», c’est refuser de prendre position, d’amener un changement, et inévitablement, de condamner des idéologies sociétales néfastes à l’égalité. Si les représentants du peuple s’abstiennent de condamner les diktats du patriarcat, alors il faudra un peu plus que du «bon sens» pour venir à bout de ces idées qui perdurent depuis des générations.
Monsieur Macron : un long règlement n’est peut-être pas la solution miracle, mais une leçon de morale ne l’est encore moins. En 2020, il est plus que nécessaire que le gouvernement français fasse preuve d’exemplarité en disant d’une seule voix : « Mesdames, soyez libres et fières de l’être ! »
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