« Good morning America! » Ces paroles ont failli être prononcées par Donald Trump lui-même dès mars dernier, selon des informations obtenues récemment par le New York Times.
Le président américain voulait une émission de radio pour gérer la crise sanitaire, deux heures par jours, à tous les jours. S’il a reculé devant le projet, c’est seulement pour ne pas compétitionner avec le célèbre animateur conservateur Rush Limbaugh.
À l’heure où la planète est sur pause, le président Trump a voulu gérer la crise par une émission de style talk-show, à l’antenne durant deux heures avec des lignes ouvertes pour les auditeurs. Cela ressemble à ce que fait déjà Limbaugh, à la barre du Rush Limbaugh Show, l’émission de radio la plus écoutée aux États-Unis, mais peut-être aussi la plus polarisante. Récemment, il a qualifié la Covid-19 de « rhume commun » et a critiqué les mesures de confinement qui ne font que « ralentir l’économie », des propos que la Maison-Blanche appuie.
Toutefois, il faut rappeler que Rush Limbaugh est un animateur et éditorialiste, et que son travail lui permet ce genre de commentaires. Mais l’idée que le président lui-même aurait pu avoir une émission de radio pose de nombreux problèmes éthiques, notamment le fait de tasser les voix des experts, et de mettre celles du public de l’avant. Deux heures seul à la barre d’un micro sont bien suffisantes pour laisser s’échapper quelques absurdités.
Sans parler de l’absence de journaliste, autrement dit, l’absence de neutralité. Leur tâche consiste à faire la lumière sur des faits restés incertains ou flous, et c’est le fruit de plusieurs années de travail que de savoir poser les bonnes questions pour l’intérêt public. La nécessité des médias est indiscutable lors d’une telle crise, mais il est impensable que le président soit le média, les biais étant bien trop nombreux.
L’ironie du sort demeure : à écouter les points de presse de Donald Trump, on croirait parfois entendre un talk-show.
Crédit photo: U.S. Central Command