Les fédérations sportives ont rompu une longue tradition de neutralité politique en sanctionnant les athlètes russes pour l’invasion de l’Ukraine. Or, l’intervention du milieu sportif dans les conflits politiques pourrait avoir des conséquences à long terme, qui ne seront pas nécessairement uniquement mauvaises.
Le 28 février 2022, soit quatre jours après le début de l’invasion russe en Ukraine, le Comité international olympique (CIO) a demandé au milieu sportif, dans une recommandation écrite, de « ne pas autoriser la participation d’athlètes et d’officiels russes et biélorusses » à des compétitions sportives.
Rapidement, plusieurs fédérations sportives ont annoncé qu'elles n’avaient plus l’intention de concourir contre des sportifs et sportives russes, de les accueillir ou de se rendre en Russie pour compétitionner. Cette soudaine intervention a prouvé que, malgré ce qu’ont longtemps prétendu les organisations internationales, le sport et la politique sont bel et bien liés, et ce, pour le mieux.
Quand le sport devient politique
Dans les pays autoritaires, une victoire sportive peut devenir un outil de propagande. Vladimir Poutine, entre autres, a toujours accordé une grande importance au sport, s’en servant souvent pour montrer à quel point la Russie est un grand pays. « En l’empêchant de participer aux compétitions sportives, c’est comme si on lui interdisait de jouer à son petit jeu », explique Yann Roche, professeur de géographie à l’Université du Québec à Montréal.
Les sanctions ont donc des conséquences importantes, mais nécessaires, sur le pays et la population. Elles poussent notamment le peuple à réfléchir et à se demander pourquoi, dans le cas de la Russie, par exemple, l’équipe nationale ne participe pas à la Coupe du monde de la FIFA.
« [Les Russes] sont obligés de se rendre compte qu’il y a beaucoup de choses qu’on leur cache », ajoute le professeur.
Une prise de position importante
Imposer des sanctions aux pays qui ne respectent pas la Charte des droits et libertés de l’Organisation des Nations unies (ONU) devrait être systématique. Or, ceux-ci ne sont pas souvent punis. « C’est extrêmement rare que des sanctions aussi fortes soient imposées sur un pays », déclare M. Roche.
Par exemple, le Yémen et la Syrie, qui sont plongés dans la guerre, n’ont subi aucune conséquence du milieu sportif, et ce, malgré la mort de personnes civiles chaque jour. Ces pays devraient pourtant être sanctionnés, même si ces conflits se déroulent plutôt « à l’interne ».
« Beaucoup de gens disent qu’on a une indignation variable, selon qui commet les actes, si ce sont nos amis politiques ou nos ennemis. Ce ne sont donc pas tant les actes répréhensibles qui sont jugés plutôt que le fait qu’on pardonne beaucoup à certains et pas à d’autres », nuance M. Roche.
Photo : Audrey Robitaille