K-beauty, K-pop, K-dramas : la culture coréenne rayonne à travers le monde. Son influence est telle qu'elle nous fait s’interroger sur les dangers qu’elle peut engendrer. La tendance associée notamment aux groupes de K-pop semble porteuse de messages contradictoires avec les valeurs qu’on désire insuffler à la culture québécoise.
La K-pop, musique populaire coréenne, fait partie des formes de divertissement les plus répandues à l’extérieur du pays. Entre deux vidéos à l’aspect léchée, on se rend bien compte que la K-pop renferme les mêmes standards hyper stricts qu’on peut retrouver dans la société coréenne. Elle amène à se questionner sur son influence outre-mer au potentiel néfaste.
Le culte de la perfection
Teint très pâle, mâchoire en forme de V, nez fin et haut, corps mince : les Coréennes et Coréens ont parfois recours à des moyens extrêmes et coûteux pour se plier aux exigences de beauté nocives de la société. Ces représentations sont à l'avant-plan dans l’univers de la K-pop.
« Les recherches indiquent […] que la Corée du Sud est le pays où il y a le plus de chirurgie esthétique, il y a même un marché, un quartier, de la publicité. […] C’est comme acheter du pain pour nous », déclare Paola Varutti, qui a écrit en 2017 d’un mémoire qui analyse les fans féminines québécoises de K-pop, lors d’une entrevue avec L’Apostrophe. Selon elle, les idoles féminines peuvent également normaliser les troubles alimentaires et les régimes chez les fans. Les régimes des célébrités ont d'ailleurs leur propre nom : la K-pop diet.
Les méthodes utilisées pour atteindre ces standards de beauté sont parfois excessives et dangereuses; des chanteuses deviennent méconnaissables à la suite de chirurgies ou d’autres s’évanouissent en concert, car elles sont sous-alimentées.
Idolâtrer les complexes
La K-pop s'ancre dans la culture coréenne, qui, elle, est largement inspirée des valeurs confucéennes. Celles-ci promeuvent les idées de respect et de valeurs familiales. Elles renferment aussi des normes importantes de hiérarchie, dont celle entre les sexes. La Corée du Sud est d’ailleurs le 102e pays en termes d’égalité hommes-femmes. La K-pop qui, en Corée, banalise l’hypersexualisation dès la préadolescence et la valorisation des femmes uniquement par leur beauté, entre en conflit avec les notions d’équité si chères au Québec.
« Au Québec, il y a vraiment cette acceptation du corps. […] Dans la chanson, dans la télévision, dans les films, il y a vraiment un féminisme qui est ancré et est très important », indique Paola Varutti.
Le Québec tente de s’éloigner depuis des années des représentations du même corps parfait, retouché et modelé selon des normes strictes pour transmettre l'idéal d'une beauté malsaine aux jeunes filles.
Pour le moment, aucune étude d’envergure ne permet d’affirmer que les effets de la K-pop au Québec sont dangereux, mais il est paradoxal de laisser cette culture de la perfection et de la beauté homogène prendre autant d’ampleur, malgré nos désaccords face à ses messages.
Photo : Malika Alaoui