Pour éviter un potentiel dérèglement du climat, les émissions de gaz à effet de serre (GES) se doivent d’être réduites, d’où l’ambition de plusieurs villes comme Adélaïde d’atteindre la carboneutralité. Cet objectif ne vient cependant pas sans défis.
La carboneutralité consiste à conserver un bilan nul en matière d’émission de GES par la réduction, la séquestration ou la compensation de ceux-ci.
L’Australie est un pays vulnérable aux changements climatiques; elle est souvent touchée par les incendies, les températures extrêmes et les inondations. C’est dans ce contexte qu’Adélaïde, ville de 1,2 million d’habitants et d’habitantes, située en Australie-Méridionale, s’est lancé en 2015 le défi d’être la première ville carboneutre au monde.
Malgré ses efforts, cette dernière a fait un pas en arrière en 2017 en renonçant à atteindre cet objectif. Ehsan Sharifi, chercheur à l’école d’architecture de l’Université d'Adélaïde, explique cette décision: « quand nous avons commencé, le gouvernement n’avait pas une idée claire de quel genre d’énergie et de quelles émissions on parlait de réduire ». La ville garde en revanche l’ambition de devenir carboneutre un jour.
Les écueils d'Adélaïde
Pour une ville voulant conserver un modèle économique occidental et un certain niveau de vie, « les efforts pour se rendre à la carboneutralité vont être extrêmement difficiles », prévoit Simon Langlois-Bertrand, chercheur à l’Institut de l’énergie Trottier de l'École Polytechnique de Montréal.
« Les efforts pour se rendre à la carboneutralité vont être extrêmement difficiles. » - Simon Langlois-Bertrand
Les difficultés rencontrées viennent entre autres des coûts de la transition. Lorsque les changements les plus simples sont faits, il faut s’attaquer aux plus complexes qui eux sont souvent plus dispendieux. D’autre part, la majorité de la production d’électricité en Australie découle des énergies fossiles et la ville a été conçue pour la circulation automobile. D’ailleurs, les émissions de GES liées aux transports sont aussi en hausse à Adélaïde.
Néanmoins, la ville a tout de même réduit ses émissions de 15% entre 2007 et 2018 et ses activités commerciales sont certifiées carboneutres depuis 2020. De plus, les émissions de GES par l’électricité et le gaz ont été réduites de 35%, et l’utilisation de l’énergie solaire a été grandement favorisée.
Plutôt que de réduire les GES, Adélaïde a adopté une solution simple et plus rapide qui est de compenser les émissions en plantant des arbres, par exemple. Toutefois, comme l’explique M. Langlois-Bertrand: « il y a des limites importantes aux crédits carbone ». Il fait ici mention de la limite des terres pour accueillir des arbres en se rappelant toujours que si tout le monde ne faisait que compenser, le but de réduire mondialement les GES ne serait pas atteint.
Les meneurs de la course
Adélaïde est plutôt verte si on la compare aux autres villes australiennes. Cependant, d’autres municipalités dans le monde s’approchent considérablement de la carboneutralité, comme Lahti en Finlande qui a réduit ses émissions de GES de 70% depuis 1990 et Copenhague au Danemark où 75% des déplacements sont effectués en transport en commun, à vélo ou à pied.
M. Langlois-Bertrand rappelle que peu importe qui mène la course à la carboneutralité, si l’ensemble de la population n’arrive pas à réduire ces GES, il s’agit d’un échec global puisque les changements climatiques n’ont pas de frontières.
Photo : Rawkkim via Unsplash