Les catastrophes naturelles se multiplient en Italie. L’observatoire Città Clima de Legambiente a enregistré plus de 350 événements météorologiques extrêmes en 2024, ce qui correspond à une augmentation de 485 % depuis 2015.
Selon une capsule de Radio France, le changement de la circulation de l’air d’ouest-est à l’axe nord-sud oppose les températures qui provoquent des pluies torrentielles en Italie. Le microbiologiste qui travaille pour le Italian National Reserach Council, Marico Basili, mentionne que les inondations « sont plus fréquentes dans la région en raison des changements climatiques. Les tempêtes et les forts jours de pluie sur une courte période provoquent des déversements d’eau massifs ».
Développement de maladies
Ces pluies torrentielles sont collectées par les canaux des cours d’eau, puis redirigées vers le régime souterrain par des entonnoirs appelés dolines. La quantité anormale d’eau dans les égouts favorise le développement de bactéries.
M. Basili a récolté des échantillons à la sortie du fleuve dans la région d'Ancône à la suite des inondations. Il a été en mesure d’y détecter la présence de deux agents pathogènes, E. coli (EC) et entérocoques (ENT). Selon le journal Environmental Pollution, ces bactéries sont utilisées comme indicateurs de présence de déchets fécaux, et donc, d’une mauvaise qualité de l’eau.
Lorsqu’il y a des surverses dans les rivières au bord la côte Adriatique, l’eau contaminée se retrouve dans le système de traitement d’eau potable. « La rivière déborde de sédiments et de déchets fécaux qui s’étendent sur des kilomètres. Pendant les trois à quatre jours suivant les précipitations, ceux qui avalent l’eau en se baignant peuvent tomber malades ou développer des maladies graves », mentionne le microbiologiste.
Prévention
À Salento, la péninsule de l’extrémité du sud-est de l'Italie, des agents pathogènes fécaux peuvent transmettre la fièvre typhoïde ont été identifiés dans les échantillons d’eau de puits depuis 2022, selon l’Institut italien de recherche sur l’eau (IRSA). En plus de la contamination de l’eau potable, d’autres facteurs, comme les carcasses d'animaux qui peuvent contenir des micro-organismes, sont capables de favoriser la transmission d'infections, mentionne Fransesco Broccolo, un microbiologiste de l'université du Salento, pour le média Sky.
Le gouvernement effectue deux échantillonnages saisonniers par an dans environ 300 puits des régions de Salento, puisque les maladies gastro-entériques peuvent être causées par l’ingestion d’eau contaminée de déchets fécaux provenant des puits.
Santé publique
Comme les débordements contaminent l’eau potable et favorisent la propagation de maladies, certaines villes comme Salento débutent un traitement de chloration intensive après les inondations. Cela a pour but d’éliminer les agents pathogènes, mais le traitement ne garantit pas une désinfection complète de l’eau potable.
À la suite des inondations majeures en 2023, la ville de Ravenne, située dans la région d’Émilie-Romagne, a lancé une alerte sanitaire à sa population. Les autorités locales de la ville ont été forcées de réagir rapidement afin d’éviter une épidémie de maladies.
Elles ont sécurisé des zones pour éliminer les déchets et protéger le bétail de la contamination. Le maire de la ville a ordonné aux citoyen(ne)s de quitter leur domicile situé en zones inondées pour des raisons de santé. Un processus de vaccination a été entrepris, notamment contre l’hépatite A et le tétanos.
Les changements climatiques accroîtraient encore l’exposition des populations aux phénomènes météorologiques extrêmes, ce qui aurait de graves conséquences sanitaires selon un article de l’Union européenne. Le journal Le Monde rapporte que « certaines régions du monde sont encore plus exposées que d’autres aux changements climatiques et peuvent s’attendre à un avenir d’autant plus inquiétant. Le bassin méditerranéen est un de ces cas : il se réchauffe 20 % plus vite que le reste du monde. »
- Carte interactive permettant la visualisation des zones à risque hybride
Photo: Gwanael Piaser