L’accessibilité à la communication pour les personnes sourdes ou malentendantes est un enjeu important, notamment à cause de la complexité de l’utilisation de la langue des signes en société. Plusieurs projets d’intelligences artificielles japonaises sont entrepris en vue d’aider la communauté sourde au quotidien.
Selon une étude publiée dans le Tech Science Press en 2024, 340 000 personnes au Japon souffrant de troubles de l’audition et de la parole utilisent la langue des signes japonaise (LSJ). Le but premier de ces IA est de créer une représentation complète des gestes de la LSJ, qui est actuellement complexe à intégrer dans les communications quotidiennes, notamment en raison du besoin de traducteurs ou traductrices de langue des signes qui peuvent s’avérer rares et coûteux.
Par exemple, Tsutomu Kimura, Teppei Miura et Kazuyuki Kanda sont les trois chercheurs japonais à l’origine d’une intelligence artificielle s’appuyant sur un « système de dictionnaire en langue des signes appliquant un modèle de reconnaissance de langue des signes ». Ce système capte les signes émis par la personne sourde ou malentendante à l’aide d’une caméra et traduit textuellement ceux-ci à son auditoire. Ce système réalisé en ligne pourrait, lorsqu’il sera finalisé, être utilisé dans un navigateur web.
Ces technologies seraient donc une solution potentielle pour contrer les défis communicationnels liés à cette langue. Les auteurs et autrices des études précisent que ces intelligences artificielles sont loin d’être finalisées par souci de financement et par manque de données.
À l’international
D’autres versions de cette IA émergent un peu partout dans le monde. Didier Chabanol est copropriétaire d'IvèS, déployée en France et au Canada, et créateur de SRV Canada, une plateforme d'échange téléphonique via interprètes. M. Chabanol explique que sa plus récente technologie, un avatar 3D nommé Iris, offre des services complémentaires à la communauté sourde. Ces services incluent un accès à la signalisation sonore dans les endroits publics, aux services clients de type télécommunications et à la traduction de contenu en ligne, comme les dialogues d’une vidéo.
« Il faut lui donner son mot à dire dans ce genre d’opportunités qui la concernent pour qu’elle puisse se l’approprier et prospérer en tant que communauté » -Kenneth DeHaan, directeur de maîtrise en enseignement de la langue des signes à l’Université Gallaudet
Il précise également qu’Iris est toujours en « phase de déploiement massif » et que son développement viserait à ajouter des langues afin de la rendre internationale. Cette IA serait davantage implantée en ligne, donc sur des sites internet ou des applications mobiles.
Une solution potentielle si…
Kenneth DeHaan, directeur de maîtrise en enseignement de la langue des signes à l’Université Gallaudet à Washington, atteste que la communauté sourde doit être incluse dans ces recherches. « Il faut lui donner son mot à dire dans ce genre d’opportunités qui la concernent pour qu’elle puisse se l’approprier et prospérer en tant que communauté », déclare-t-il.
Selon Richard Belzile, directeur général de l’Association des sourds du Canada, penser que ces intelligences artificielles vont régler tous les problèmes de la communauté sourde est irréaliste pour le moment. « [Les chercheurs entendants] espèrent, de bon cœur, que ça va créer une société équitable et inclusive [à leur égard] », se livre-t-il.
Optimiste, M. Belzile croit que ces nouvelles technologies vont en effet aider l’inclusion de la communauté sourde en société, mais que les outils actuels ne sont pas encore assez à point.
Photo: Domaine Public