Les populations de Wallonie et de Flandre, en Belgique, ne partagent que très peu d’éléments en commun. La langue, la culture et les intentions politiques diffèrent chez les peuples des deux territoires. La fierté régionale semble alors étouffer un nationalisme belge plus global.
En 1962, la Loi Gilson a scindé la Belgique en deux, décrétant officiellement un unilinguisme dans les régions distinctes du pays. La population au sud du territoire, en Wallonie, parle français, tandis que les citoyens et citoyennes au nord, en Flandre, s’expriment en flamand.
L'Université catholique de Louvain, en Flandre, s’est retrouvée au cœur de tous les tourments peu de temps après l’adoption de ces mesures.
Walen buiten
Dans les années 60, l’imaginaire collectif en Flandre perçoit la présence d’une université francophone sur le territoire flamand comme une insulte à la fierté du peuple. 30 000 Flamands et Flamandes manifestent en 1967 dans les rues d’Anvers, exigeant le départ des élèves francophones de l’établissement pour rendre l’école néerlandophone. Le slogan phare de ce mouvement? « Walen buiten », ou « Wallons dehors ».
On peut appeler ça du racisme, simplement. Du racisme envers son voisin. Son « mauvais » voisin.
En offrant une comparaison locale, à plus petite échelle, prenons Montréal. Imaginons la population québécoise francophone défiler dans les rues de la ville pour réclamer le départ de la communauté étudiante anglophone de l’Université McGill. Histoire de « récupérer ce qui leur est dû », parce que la seule langue officielle de la province est le français.
Dur à imaginer, non?
Les éléments cités remontent à près de 60 ans, et pourtant, le problème persiste. En août 2023, le ministre de l’Éducation Ben Weyts proposait de proscrire le français dans les écoles de Flandre. À noter que les établissements scolaires de la région accueillent déjà près de 50% d’élèves non-néerlandophones.
Tirer l’idéologie à son extrême
Il existe des peuples qui n’arrivent pas à s’entendre sur un même territoire, souvent quand une langue ou une culture exerce une pression ou même désire l’effacement de l’autre, mais la situation ne s’applique pas en Belgique.
D’où vient cette attitude que l’on peut retrouver parfois au nord du pays? Un nationalisme radical mal placé, prôné par certains? Une relation économique tendue avec la Wallonie? Difficile à dire.
Loin de s’imposer comme un mouvement majoritaire pour autant, le nationalisme flamand recueille l’attention médiatique depuis des décennies.
Le Vlaams Belang, figure de proue de l’extrême droite séparatiste en Flandre, est aujourd’hui le premier parti de la région, avec plus de 20% des intentions de vote.
Les irréductibles individus perpétuant un nationalisme flamand radical se révèlent dangereux pour la Belgique et minent peu à peu les esprits du territoire. Il est possible d’être fier de ses racines wallonnes et flamandes sans pour autant vouloir annihiler l’autre région. Le nationalisme est un aspect sain à la survie d’une culture sur un territoire, mais poussé à son extrême, l’inverse de l’effet escompté se produit. Diviser, diviser et encore diviser.
« L’union fait la force », disent-ils. Ne touchez pas aux fondements du Plat Pays, alors. Ce Plat Pays qui est le mien.
Illustration : Naïla Kitiara Houde