50 Ivoiriennes malvoyantes ont participé à « Sport inclusif », une initiative qui leur a permis de bénéficier de soins et de développer leur estime d'elles-mêmes grâce à l'activité physique. Ce projet a transformé leur conception du sport et de la vie telle qu’elles les connaissaient.
Grâce à cette nouvelle initiative de la Fédération ivoirienne des Sports pour Malvoyants et Aveugles (FISMA), les participantes ont expérimenté de nouveaux sports. Il est question du cécifoot et du goalball, des jeux inspirés du football adaptés à leur handicap. Dans ces deux sports, la balle utilisée comporte différentes boules qui génèrent du bruit, ce qui permet aux joueuses de l'entendre arriver.
Un sentiment de bien-être
Youan Lou Srata, une étudiante malvoyante de 20 ans, a pris part au projet. Elle reconnaît que le sport a amélioré sa sociabilité, son esprit d’équipe et lui a permis d’éprouver un sentiment de bien-être. « Je ne me pensais pas capable de faire ce que je fais. Il y a 7 mois, je ne savais même pas qu’on pouvait être aveugle et joueuse de foot », raconte-t-elle.
Nina Irié, aussi bénéficiaire de l’expérience, abonde en ce sens : « Le projet m’a offert une autre vie. J’espère qu’il y en aura [un autre] l’année prochaine pour d’autres femmes comme moi », explique celle qui affirme avoir retrouvé une joie de vivre.
Maintenant, elle se dit pressée d’aller aux entraînements pour « rejoindre les filles » et poursuit un nouveau rêve, celui de gagner une médaille d’or paralympique. Mme Irié souhaite que le projet soit élargi à un plus grand nombre de participantes, pour aider d’autres personnes « à retrouver la lumière ».
« Maintenant que j’ai commencé, je ne veux plus m’arrêter jusqu’à ce que je ramène la médaille d’or à Abidjan » -Nina Irié
Bien plus que du sport
David Konan, trésorier à la FISMA, souligne que « Sport inclusif » a aussi transmis des notions d’hygiène intime aux participantes, car il s’agit d’un réel problème social dans certaines régions de l’Afrique. Il explique qu’en raison des tabous, il est particulièrement ardu pour les femmes aveugles d’accéder à des protections hygiéniques. Par conséquent, il est courant qu’une seule serviette à main soit utilisée tout au long de la période menstruelle, ce qui crée des infections.
M. Konan ajoute qu’en plus de cette éducation sur l’hygiène féminine et la santé, les participantes ont été dépistées pour le cancer du col de l’utérus et le cancer de sein. Le chef du projet affirme aussi que tous ces soins ont permis le traitement à long terme de deux femmes atteintes de tumeurs.
Pour aller plus loin
Cette initiative de la FISMA a été financée par la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports de la Francophonie (CONFEJES). Durand Gervais Emile est le chef chargé du suivi du projet à la CONFEJES. Il affirme que la CONFEJES fait toujours des appels de projets comme « Sport inclusif » afin d’étendre cette opportunité en Côte d’Ivoire à tous les malvoyants et malvoyantes.
La FISMA postule à ces appels d'offres et, en attendant qu’un de leurs projets sportifs soit retenu, elle continue d’animer les entraînements des anciennes participantes à « Sport inclusif ».
Au cours de ce projet, la motivation, l’esprit d’équipe et la volonté de gagner ont grandi chez les participantes. De plus, une dizaine d’entre elles ont choisi de poursuivre leur pratique sportive. « Maintenant que j’ai commencé, je ne veux plus m’arrêter jusqu’à ce que je ramène la médaille d’or à Abidjan », explique de manière très déterminée la participante Nina Irié.
Photo fournie par la FISMA