Ces dernières années, une vague de sportives de haut niveau a révélé comment les applications de suivi des règles ont contribué à l’optimisation de leur santé et de leurs performances athlétiques.
FitrWoman, Wild.AI, Garmin, FitBit, Whoop : plusieurs outils numériques permettent aux usagères de mieux comprendre comment les fluctuations de leurs hormones reproductives affectent leur corps afin d'adapter entraînements, récupération et alimentation.
« Cela leur permet de maximiser leurs performances et de minimiser les risques de blessures ou de fatigue excessive », affirme Hannah Thornton, nutritionniste chez la société de technologie sportive Orreco.
Parmi les athlètes qui utilisent de telles plateformes, on compte les joueuses des équipes de soccer britanniques Women's Super League et Lionness.
Gérer un cycle menstruel irrégulier
Emma Pallant-Browne, ex-championne mondiale de duathlon et de triathlon, estime que les applications de suivi menstruel peuvent être un outil précieux pour les athlètes souffrant d’aménorrhée secondaire. Cette condition est caractérisée par un arrêt anormal des menstruations pendant plus de trois mois. Il s’agit d’un trouble fréquent chez les athlètes pratiquant des sports d’endurance.
Le retour et la stabilisation de ses règles sont devenus prioritaires pour l’athlète britannique afin de remédier à ses problèmes de densité osseuse et de prédisposition aux blessures liés à l'aménorrhée. « Quand [mes règles] sont revenues, elles étaient très irrégulières. Je devais donc les noter dans mon programme d’entraînement », affirme Mme Pallant-Browne.
S’adapter aux changements hormonaux
Pour la kayakiste et canoéiste britannique Mallory Franklin, multiple médaillée aux Championnats du monde et d’Europe, le suivi de règles l’aide à appréhender sa phase lutéale, soit la partie du cycle qui précède les menstruations. Elle affirme être plus sujette à des baisses de moral, mais surtout plus vulnérable aux blessures durant cette période.
« J’ai eu un problème de dos qui s’est stabilisé, mais qui pouvait empirer chaque mois en phase lutéale (partie du cycle qui précède les menstruations). Je devais être plus prudente, notamment avec des exercices comme les squats avec charge », explique l’athlète.
FitrWoman, une application développée au Royaume-Uni particulièrement populaire au sein de la communauté sportive, va au-delà du suivi menstruel numérique. Créée par la coureuse d’élite et chercheuse Dre Georgie Bruinvels, la plateforme met des consultant(e)s et des conférences sur la santé féminine à la disposition des athlètes.
« J’ai échangé avec Georgie Bruinvels, qui gère FitrWoman, quand j’ai commencé à l’utiliser. Ces discussions m’ont aidé à mieux comprendre quelles stratégies pourraient soulager mes maux de dos en phase lutéale, comme augmenter mon apport en oméga-3 », souligne-t-elle.
D’expérience, Mme Franklin estime que les applications comme FitrWoman, qui permettent aux entraîneurs et entraîneuses de suivre l’évolution du cycle menstruel de leurs athlètes, peuvent aider à briser les tabous sur cet aspect de la santé féminine, surtout avec les entraîneurs masculins, qui peuvent être réticents à aborder ce sujet par manque de connaissances.
Elle explique que l’arrêt de la contraception hormonale a provoqué des changements marqués chez elle et sa coéquipière, notamment au niveau de leur personnalité : « Nous sommes donc de grandes défenseuses de l'idée de s'éduquer sur [les fluctuations hormonales] au sein de l’équipe, et cela commence enfin à se faire ».
Photo: YuTphotograph