Le 6 décembre 2022, le Parlement indonésien a approuvé un texte criminalisant les rapports sexuels hors mariage et le concubinage. Cette décision affecte notamment la communauté LGBTQ+, pour qui le mariage du même sexe est déjà illégal.
« Les personnes dans des relations homosexuelles ne peuvent pas se marier en vertu de la loi indonésienne, donc toute activité sexuelle à laquelle ceux-ci se livrent est maintenant criminelle », déclare le directeur pour la section Asie à Human Rights Watch, John Sifton.
Une acceptation difficile
Vivant à Jakarta, la capitale de l’Indonésie, Alya Sastromihardjo, une étudiante LGBTQ+, affirme qu’il était déjà difficile pour les personnes s’identifiant à la communauté de s’afficher avant la mise en place de la loi. « En Indonésie, presque tout est basé sur la religion et les croyances, et la plupart des aînés ou des parents sont très traditionnels. Pour eux, faire partie de la communauté LGBTQ+ est considéré comme un péché ou même comme étant dégoûtant », explique-t-elle.
Elle croit que même si l’Indonésie est généralement inclusive, s’afficher comme une personne de la communauté est risqué. « Mes amis doivent cacher cette partie d'eux-mêmes sur les réseaux sociaux ou à leurs parents parce qu'ils ont peur des réactions. [...] des gens ont été arrêtés parce qu'ils étaient homosexuels, ce qui leur fait peur », renchérit-elle. Elle ajoute qu’avec l’interdiction du mariage pour tous et la nouvelle loi sur les relations sexuelles, « il va être encore plus difficile pour la communauté de montrer sa sexualité ou d’être courageux à ce sujet ».
Andreas Harsono, chercheur pour l’organisme Human Rights Watch, mentionne que la religion a une grande importance en Indonésie, brimant inévitablement la liberté d’expression des personnes de la communauté. « Les Indonésiens sont majoritairement religieux. Ils vont supporter la loi, puisqu’ils vont avoir peur. Peut-être qu’ils ne seront pas d’accord avec celle-ci, mais légalement, ils vont la supporter quand même », souligne-t-il.
Des impacts pour tous
La loi, qui sera appliquée à partir de décembre 2025, sera difficile à accepter pour la population indonésienne, indique Andreas Harsono. Toutefois, une personne ne respectant pas la loi ne va pas nécessairement se faire arrêter sur le champ par les autorités.
« Selon le gouvernement, les personnes ne respectant pas la loi peuvent seulement être dénoncées par leurs parents, leur conjoint(e) ou leurs enfants. Donc, par exemple, un parent qui est fâché que son enfant soit LGBTQ+ pourrait le dénoncer », déclare le chercheur.
« Dans tous les cas, appliquée ou non, la loi stigmatise la vie privée et les choix d'un grand nombre de personnes, qu'elles soient gaies, hétéros ou queers », complète John Sifton.
Photo: Lucas Jallot