Le Vatican semble de prime abord plus ouvert à l’idée d’accepter des hommes homosexuels comme candidats au sacerdoce, selon un document sur la formation des prêtres italiens catholiques publié le 9 janvier.
La Conférence épiscopale italienne (CEI) a publié un texte qui soutient, pour la première fois, qu’il ne faut pas considérer uniquement l’orientation sexuelle lorsqu’on prend une décision concernant l’admission au séminaire. Le document en question, La formation des prêtres dans les Églises en Italie – Orientations et Normes pour les Séminaires, a suscité une avalanche de réactions dans les médias et plusieurs y ont vu la preuve d’une acceptation nouvelle des hommes homosexuels comme candidats à la prêtrise.
Charles Langlois, vicaire général de l’archidiocèse catholique romain de Montréal et modérateur de la curie, explique que « l’Église marque un geste d'ouverture en autorisant la possibilité d’ordonner des hommes homosexuels, à condition qu’ils respectent l’engagement de chasteté. » Cependant, il réitère que le document de la CEI n’ajoute rien de nouveau, car les candidats hétérosexuels à la prêtrise sont tenus au même engagement d’abstinence.
Le pape François avait d’ailleurs fait polémique en mai 2024 lorsqu’il avait utilisé un terme italien péjoratif et injurieux à l’égard des personnes homosexuelles au cours d’un rassemblement privé avec des prêtres italiens. En parlant de l’admission des candidats homosexuels au sacerdoce, il avait affirmé que leur offrir de l’aide psychiatrique serait préférable à leur permettre d’entrer dans les ordres.
Continuité ou vent de changement ?
Le texte de la CEI s’inscrit en continuité avec les positions dogmatiques de l’Église, selon Loïc Bizeul, coordonnateur de la chaire de recherche Droit, religion et laïcité de l’Université de Sherbrooke. Il soutient que rien n’a concrètement changé dans la position de l’Église ; l’homosexualité chez un candidat n’est tolérée qu’à condition qu’elle reste invisible et non revendiquée.
Devant l’intérêt médiatique, la CEI a d’ailleurs réagi en publiant un communiqué, le lendemain de la parution du document original, qui dénonce une utilisation partielle d’un paragraphe non contextualisé. Celui-ci clarifie que la politique de l’Église demeure inchangée face à l’homosexualité et que le document devait être lu comme un effort visant à se concentrer sur l’individu dans son ensemble, sans s’arrêter systématiquement à son orientation sexuelle.
M. Bizeul suggère que l’institution est consciente de la nécessité de s’adapter aux évolutions de la société, mais qu’elle se trouve en même temps « prisonnière » de ses traditions et de ses dogmes. Ce léger changement de discours traduit donc une lutte interne au sein de l’Église entre le conservatisme et l’adaptation aux réalités contemporaines. Le document de la CEI soulève la difficulté qu’a l’Église à gérer cette question.
« [Le texte] met vraiment en lumière le paradoxe profond au sein de l’institution catholique : comment admettre des hommes homosexuels tout en leur interdisant d’être pleinement eux-mêmes ? » - Loïc Bizeul
Le chercheur hésite donc à qualifier cet événement de tournant décisif dans l’histoire de l’Église, puisque l’émancipation des prêtres homosexuels reste restreinte. Le texte de la CEI témoigne, selon lui, « d’un ajustement pragmatique plutôt qu'un changement doctrinal profond ».
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