Le hockey vit un essor sans précédent au Royaume-Uni. Pour chaque match de l’Elite Ice Hockey League (EIHL), le plus haut niveau de compétition au pays, des milliers de spectateurs se rendent en famille à l’aréna pour encourager leur équipe favorite dans ce jeune championnat.
Cette hausse de popularité au Royaume-Uni s’explique, entre autres, par un calibre beaucoup plus haut qu’auparavant, selon Omar Pacha, directeur général et entraîneur-chef des Dundee Stars, l’une des formations écossaises de la EIHL. Selon lui, depuis que les médias couvrent le hockey, certains amateurs ont pu découvrir ce sport autrefois ignoré, notamment en raison de l’omniprésence du soccer. L'architecte des Dundee Stars reste toutefois prudent dans ses propos. Malgré l’émergence perpétuelle du hockey au Royaume-Uni, ce dernier ne croit pas que celui-ci puisse devenir aussi populaire que le soccer, à moins que « les médias nationaux couvrent beaucoup plus le hockey que présentement et qu’il y ait une équipe implantée au centre-ville de Londres.
Attaquant des Steelers de Sheffield, le Québécois Marc-Olivier Vallerand ne voit que des avantages à poursuivre sa carrière de hockeyeur au Royaume-Uni. Il explique que les équipes fournissent aux athlètes une bourse d’études, une voiture, un appartement, en plus d’un salaire qui est supérieur aux autres circuits en Europe. « La ligue fait maintenant preuve d’un professionnalisme qui n’était pas nécessairement présent dans les dernières années», constate-t-il. Selon lui, le championnat ne gagnerait pas autant en popularité sans les joueurs étrangers : « Beaucoup de gros talents qui sont connus aux yeux du grand public viennent continuer leur carrière ici et je crois que ça attire les amateurs. »
Une nouvelle tradition familiale
Le hockey permet aux familles du Royaume-Uni de se rassembler lors des soirées de match, lance Sheryl Hollingworth, amatrice des Steelers de Sheffield : « Contrairement au [soccer] qui, ici, est un sport réservé aux hommes et à leurs fils, le hockey laisse place aux femmes et à toute la famille afin de passer un bon moment. » Aussi partisane de hockey en Europe de l’ouest, Diane Sockett réitère : « Les fanatiques sont mieux proportionnés au hockey. Les hommes, les femmes, les enfants et même les grands-parents aiment ce sport! Au début, c’est un peu difficile à comprendre, mais dès que que tu as compris les règles, tu restes
accroché! »
L’aspect familial est l’un des éléments attrayants de ce sport, explique l’entraîneur Pacha : « C’est un sport qui se pratique à l’intérieur et qui est joué le soir, le hockey est donc vendu comme une soirée à passer en famille. »
Pour contraster avec le sport national du Royaume-Uni, le hockey qui y est disputé est très physique, ce qui le rend particulièrement spectaculaire. Marc-Olivier Vallerand explique que le hockey joué au Royaume-Uni a un style unique, comparativement au reste de l’Europe : « C’est un style axé sur le physique, un peu comme on retrouve en Amérique du Nord ».
Une force montante
L’équipe de Grande-Bretagne, qui regroupe les meilleurs joueurs du Royaume-Uni, participera au Championnat du monde de hockey sur glace, du 8 au 24 mai prochain. La formation britannique rivalisera avec 15 autres pays, le tout dans un processus de qualification olympique. Il s’agirait de la première participation de l’équipe de hockey sur glace de la Grande-Bretagne aux JO depuis 1948. Selon l’attaquant québécois des Steelers de Sheffield, une qualification aux Jeux olympiques «pourrait vraiment aider à la popularité du hockey d’ici .»
Les fervents amateurs de hockey au Royaume-Uni ont désormais un visage auquel s’identifier sur la scène internationale. En juin 2018, l’attaquant Liam Kirk a été repêché au 189e rang du repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH) par les Coyotes de l’Arizona. Il est alors devenu le troisième joueur de l’histoire de la LNH à être né et formé au Royaume-Uni avant d’être choisi lors du repêchage d’entrée. Après avoir fait ses preuves à travers les différentes ligues qu’on retrouve en Angleterre, le jeune homme s’attaque maintenant au hockey en Amérique du nord. L’engouement autour du hockey en Europe de l’Ouest laisse croire que Liam Kirk ne sera pas le dernier hockeyeur du Royaume-Uni à être repêché par une équipe de la LNH. Dans les prochaines années, plusieurs jeunes hommes et jeunes femmes pourraient avoir envie de suivre ses traces, non pas sur une pelouse, mais sur la glace.
Illustration par Lila Maître