Le régime politique ségrégationniste de l’apartheid a mené de jeunes Noirs d’Afrique du Sud à vivre dans la rue. L’organisme Surfers Not Street Children se développe en guise de solution à cette problématique.
En mélangeant le surf et l'éducation, cet organisme de mentorat sportif oeuvre à sortir les jeunes de la rue et à les aider à se réapproprier les plages qui ont longtemps été prohibées aux personnes noires.
« On les rend accros à un mode de vie plus sain avec le surf, plutôt que de les rendre dépendants à d'autres substances dans la rue », déclare le directeur de l’organisme, Sandile Cyril Mqadi.
Le surf, une solution à la pauvreté
La pauvreté généralisée touche plus de 68,3% des jeunes Noirs Sud-Africains et Sud-Africaines d’après Statistics South Africa. Selon l’étude The Consortium for Street Children de 2014, 250 000 de ces mêmes jeunes sont forcés de vivre dans la rue.
Le professeur du Département des sciences de l’activité physique de l’UQAM, Tegwen Gadais, affirme que la combinaison du sport et du mentorat permet de développer les sentiments de compétence et d’autonomie qui sont primordiaux à l’épanouissement de l’enfant.
Les activités proposées par les moniteurs et monitrices sont adaptées aux aptitudes de surf du groupe. Ainsi, les enfants se sentent capables de réussir. Les jeunes peuvent choisir les exercices qui les intéressent parmi la panoplie d’activités offertes, et cette liberté de choix les motive à participer.
L’accès aux plages durant l’apartheid
Ce système politique ségrégationniste instauré par le Parti national en 1948 visait à contrôler trois grandes lois : la classification de la population, l’habitat et la terre.
La loi régissant les territoires ségrégués a été redéfinie en 1960. Elle interdisait notamment aux communautés noires d’accéder aux zones de plage et à la mer sur une étendue de cinq kilomètres à partir de la rive. Cette modification a suscité l’arrivée d'écriteaux où il était inscrit « Blancs seulement » tout autour du périmètre des plages perpétuant l’idée que la plage et les sports aquatiques étaient réservés aux Blancs.
L’un des anciens présidents du Comité National Olympique de l’Afrique du Sud, Frank Braun, a alimenté cette idéologie controversée lors d’un de ces discours: « Certains sports ne conviennent pas aux Africains. En natation, l'eau referme leurs pores, les empêchant ainsi d'éliminer le dioxyde de carbone, ce qui les fatigue rapidement ».
Par conséquent, les personnes noires avaient uniquement accès aux plages périlleuses à l’écart de la population blanche. Ces plages étaient situées près des townships, des quartiers urbains réservés aux personnes racisées.
Plus de 30 ans après l’abolition de l’apartheid, les retombées de ce régime continuent de peser sur la population d’Afrique du Sud, renforçant ainsi la disparité sociale du pays.
Les organismes tels que Surfers Not Street Children, quant à eux, poursuivent leur mission principale, soit d’aider les enfants de la rue. En changeant la dynamique des plages, ils offrent un environnement de développement sain aux jeunes racisés issus de milieux précaires.
« [Le sport] leur permet d'appartenir à une communauté [...], se sentir comme des jeunes, avoir des amis, et partager des moments de faiblesse et de joie », illustre le professeur Tegwen Gadais.
Illustration : Manon Beauchemin