Lors des dernières décennies, des chercheurs venant des quatre coins du monde ont observé que les grands habitants verts des forêts peuvent communiquer entre eux, afin de se protéger les uns les autres.
Ces messages prendraient la forme d’une substance émise par les arbres. Enseignant en foresterie à l’Université Laval et grand amoureux de la nature, Stéphane Plante explique ce phénomène curieux : «Lorsqu’un arbre est attaqué, il envoie un message chimique à ses semblables sous la forme d’une enzyme dans l’air, invisible à l’œil nu […] ou dans la nappe phréatique, grâce à ses racines. »
M. Plante clarifie que les arbres communiquent pour une seule raison : «Les arbres ne se parlent qu’en situation d’urgence, pour se défendre. Par exemple, si un insecte ravageur attaque un individu, il indiquera aux autres de renforcer leur système immunitaire.» Attribuables au réchauffement climatique, les attaques d’insectes venant du sud de l’équateur risquent de se multiplier, ce qui démontre l’importance de ces recherches.
S’étalant sur une distance inférieure à la longueur d’un terrain de football, l’étendue de ces messages reste limitée, indique M. Plante. «Toutefois, il est possible qu’une réaction en chaîne se produise. Si chaque arbre touché par le message est finalement attaqué par un champignon ou un insecte, il partagera le mot à son tour avec ses semblables à sa portée, et ces derniers feront la même chose», continue l’enseignant en foresterie. Comme un jeu de dominos, le vent pousse la substance chimique sécrétée par les arbres vers les autres. Plus l’espace dans lequel se trouve une population est restreint, mieux celle-ci peut communiquer, ajoute-t-il.
Une communication possible entre différentes espèces
Le professeur en écologie à l’Université de Californie à Davis, Richard Karban, avance que différentes espèces végétales suffisamment proches génétiquement pourraient communiquer entre elles dans la nature. Il explique qu’en effectuant des recherches sur le tabac sauvage il y a plusieurs années, il est tombé sur le phénomène de résistance forcée : «[Ce sont] les messages qu’envoient les végétaux à leurs homologues».
Certains spécimens différents seraient même capables d’échanger avec d’autres qui possèdent des gènes similaires aux leurs, grâce à des éléments communs dans leurs messages, explique M. Karban : «Chaque plante émet une substance, un message, qui diffère légèrement de ses semblables. On a également observé que certaines espèces de végétaux communiquent dans un dialecte différent selon l’endroit d’où elles viennent.» Les messages envoyés par des espèces parentes posséderaient des éléments communs, afin qu’elles puissent toutes se comprendre de manière rudimentaire.
Des éléments complexes et propres à chaque famille sont également présents pour permettre à celles-ci de communiquer plus efficacement. «Chaque plante est différente, comme chaque humain est différent», conclut M. Karban.
Photo par Laurence Taschereau