C’est dans la province chinoise du Xinjiang que sont internés, dans des camps de concentration, environ trois millions de Ouïghours. Ce crime contre l’humanité affecte principalement les femmes en raison des stérilisations forcées ; alors que leur corps est persécuté et mutilé, le recensement indique une communauté en décroissance.
Adrian Zenz, un chercheur allemand, s’est penché sur la question de la stérilisation forcée des femmes ouïghoures. Pour contrôler et limiter le nombre de naissances, le gouvernement chinois impose des tests de grossesse réguliers et soumet les femmes à des injections de drogues qui suspendent les menstruations. Rien qu'en 2018, 80% des stérilets posés en Chine l’étaient au Xinjiang. Certaines d’entre elles sont stérilisées sans même le savoir.
Le génocide des Ouïghours est considéré comme le plus grand internement de masse du 21e siècle. Depuis plusieurs années déjà, cette communauté minoritaire musulmane est victime de violences brutales et répétitives : détention systématique, torture répétitive et séparation des familles, pour n’en nommer que quelques-unes.
Une souffrance collective
Eleanor Hart, bénévole à l’Institut ouïghour d’Europe, affirme que dans cette marginalisation, « ce sont les femmes qui en souffrent le plus ». Les viols collectifs, ainsi que la stérilisation forcée, provoquent des séquelles psychologiques indéniables chez celles-ci.
« À l’institution, nous collaborons avec sept survivants, dont six femmes et un homme », déclare Ahmat Mahmut, membre de la communauté ouïghoure. Le sort des hommes dans ce génocide est un enjeu tout aussi important. « Nous n’avons pas assez d'informations, parce que c’est très contrôlé, mais nous sommes conscients de la violence dont les hommes sont victimes », assure M. Mahmut. Le sort des hommes reste caché, et très peu réussissent à sortir des camps.
Tandis que les femmes et les hommes sont placés dans des centres d’internements différents, les enfants sont placés dans des orphelinats et sont endoctrinés par le Parti communiste chinois. 900 000 enfants sont actuellement séparés de leurs parents et contraints à se conformer aux valeurs du gouvernement chinois.
Les actes, plus forts que les mots
Donner une valeur aux victimes et les seconder dans leurs traumatismes, c’est la mission que se sont donnée les bénévoles de l’institution européenne ouïghours. « On prend le relais pour se battre pour elles », déplore Mme Hart. Pour sa part, M. Mahmut tente de soutenir ses confrères qui sont prisonniers en demandant leur libération auprès du gouvernement chinois.
Eleanor Hart et Ahmat Mahmut s’entendent ainsi pour dire que tout le monde a le pouvoir d’agir et doit occuper son temps de parole à ce sujet. Elle propose de signer des pétitions, tandis que lui appelle au boycottage des produits provenant du travail forcé des Ouïghours, espérant qu’un jour « sa communauté soit libre ».
Illustration : Malika Alaoui