En 2014, Michael Sam était le premier athlète des quatre ligues principales aux États-Unis (NFL, MLB, NHL, NBA) à révéler publiquement son homosexualité. Si ce coming out semblait être précurseur d’une plus grande ouverture dans le milieu sportif, la stigmatisation entourant l’homosexualité semble rester ancrée.
Même si des mesures, telles que la mise en place de groupes d’entraide ou de politiques d’inclusion freinant les propos homophobes, sont prises pour favoriser l’acceptation de l’homosexualité dans le sport, l’évolution concrète des mentalités reste restreinte. Malgré un contexte qui n’est pas invariablement homophobe, rares sont les joueurs de l’une de ces quatre ligues prêts à faire un coming out publiquement.
Le silence persistant dans le milieu explique cette absence de changement. Le professeur spécialisé en abus et en homophobie dans le sport de l’Université de Moncton, Roger G. LeBlanc, parle justement de «conspiration du silence». «Tout le monde sait que cela existe, mais personne n’en parle», explique-t-il. Selon lui, ce musellement place les athlètes gais dans une position où ils sont à la fois des agents et des acteurs dans cette conspiration souvent inexorable. Ils sont victimes de cette absence de dialogue, mais ils y prennent aussi part en adoptant des comportements hypermasculins afin de camoufler leur orientation sexuelle.
La crainte de la réaction des membres de l’équipe est aussi au cœur de ce silence. Pourtant, Max Domi, joueur de centre des Canadiens de Montréal, estime qu’un joueur homosexuel serait accepté, même si aucun membre de la NHL n’a fait de coming out auparavant. «Tout le monde dans la game serait ouvert à ça», a-t-il affirmé en entrevue à Tout le monde en parle en février dernier.
Cet avis n’est pas partagé par le centre arrière des Alouettes de Montréal, Christophe Normand, qui croit «qu’il n’y a pas eu d’évolution» quant à l’acceptation de l’homosexualité. Il estime que les réactions seraient mitigées, puisque les mœurs et les croyances des membres d’une équipe varient énormément. À son avis, la forte présence de joueurs du sud des États-Unis, ayant de manière générale une moins grande ouverture, explique la polarisation potentielle au sein d’une équipe de football.
Regard différent chez les femmes
Alors, comment expliquer le nombre bien plus élevé de femmes ayant révélé leur homosexualité? Elles ne subissent pas la même pression que les hommes à démontrer une virilité constante dans leur sport, puisque l’association entre homosexualité et faiblesse est moins présente dans le sport féminin, expliquent les chercheurs I. K. Broverman, D. M. Broverman, Clarkson, Rosenkrantz et Vogel dans leur ouvrage Sex‐Role Stereotypes: A Current Appraisal.
Au-delà de cette absence de masculinité toxique, «les femmes subissent déjà une identité minoritaire, puisqu’elles n’ont pas le pouvoir dans une société patriarcale», reconnaît Roger G. LeBlanc. Il ajoute que l’oppression que vivent les femmes les amène à développer une ouverture d’esprit beaucoup plus importante que les hommes face aux autres minorités, dont la communauté LGBTQ+.