Chers lecteurs et chères lectrices, nous avons une devinette pour vous. Je reste immobile la vaste majorité du temps, j’occupe 75% de l'espace de nos villes, et finalement, je suis responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre au Québec. Qui suis-je?
Nous le savons depuis bien longtemps, l’automobile est un moyen de transport polluant et archaïque. Plusieurs ont essayé de nous vendre la sacro-sainte voiture électrique comme une solution à long terme à la dépendance de notre société à ce moyen de transport.
Cette « solution » fait évidemment l’affaire des grandes industries de l’automobile qui écoblanchissent à souhait les consommateurs naïfs qui se pensent bienfaisants. La vraie solution, c’est de mettre fin à l’utilisation abusive de cette machine, quitte à l'abandonner pour de bon.
En 20 ans, la population du Québec a augmenté de 16,3%. La quantité de voitures vendues devrait à peu près suivre cette cadence nous direz-vous, mais il n’en est rien. Le nombre de voitures vendues a plutôt bondi de 41,5% sur la même période, une aberration statistique. Les véhicules n’ont pas seulement augmenté en nombre, mais aussi en taille.
Entre 1994 et 2019, le poids moyen des véhicules a augmenté de 25%. La quantité de VUS vendus a, quant à elle, explosé de 280% pendant la même période. Les besoins des familles québécoises ont-ils tant changé en si peu de temps? Ou est-ce le résultat d’un matraquage de l’industrie automobile?
Des scientifiques à travers le monde s’affairent à trouver des substituts durables à l’automobile. Des trains de plus en plus efficaces, davantage de voies réservées aux autobus, des taxes pour les automobilistes, et on en passe. Comment se fait-il qu’un trajet de 36 kilomètres, d’une banlieue de la Rive-Nord jusqu’à Montréal, puisse prendre plus de deux heures en transport en commun ? Il faut s’enlever de la tête cette vision du transport collectif rentable pour ne pas se retrouver avec un gouvernement qui n’éponge que 20 % du déficit de nos sociétés de transport.
Toujours plus de voitures
Les différents gouvernements se sont donné l’objectif de réduire de 37,5% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. L’effort mis dans la transition vers la voiture électrique est insuffisant et complètement futile. Les voitures à batterie ne sont pas la solution : leur fabrication pollue énormément en raison du lithium qu’il faut miner, et elles prennent autant d’espace dans notre société. Rappelons-nous que les mines détruisent des milieux naturels tout en polluant les cours d’eau et le sol. Pour combler la demande croissante, on estime à plus de 330 le nombre de nouvelles mines de lithium qui jailliront autour du globe d’ici 2035.
La vraie solution, les transports collectifs durables et verts, existe. Les gouvernements sont toutefois trop peureux pour aller à l’encontre des grands lobbies de l’automobile. Pour des profits, une poignée de milliardaires va s’opposer et faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la mise en chantier de projets de transport collectif.
À quand la fin des publicités d’automobiles faisant miroiter une aventure en forêt et les débuts d’un temps où nous serons fiers de marcher jusqu’à l’épicerie, de laisser les enfants traverser la rue en toute quiétude, et de visiter nos belles régions sans dépendre de l’auto?
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