En France, alors que l’industrie culturelle prend conscience de son empreinte environnementale grâce à des évaluations comme celle de The Shift Project, des artistes s’engagent pour changer la donne.
La France est la sixième puissance économique mondiale et le secteur culturel a une forte influence sur l’économie du pays ; en 2017, ce domaine représentait 2,3% du PIB du pays avec une valeur annuelle de 47,5 milliards d’euros. Avec l’expansion du streaming, du jeu vidéo et des superproductions, le domaine de la culture est progressivement devenu un acteur non négligeable de la dégradation de l'environnement.
Les impacts de l’industrie culturelle en France se traduisent, par exemple, par la mobilité des œuvres et des spectateurs, l’entretien des locaux (chauffage et climatisation), la création de costumes et de décors qui seront jetés, etc. Le musée du Louvre déplace plus de visiteurs qu’il n’y a d’habitants dans les vingt communes les plus peuplées de France, soit 9,6 millions de personnes en 2019. The Shift Project, un laboratoire d’idées qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone, a réalisé une enquête à travers 40 entretiens avec des professionnels du domaine culturel français. Cependant, celui-ci étant très diversifié, il est impossible de chiffrer précisément son empreinte environnementale.
Artistes pour le futur
Le constat de la crise climatique a amené plusieurs artistes et organisations culturelles françaises à agir à petite échelle. C’est le cas de Barbara Noiret, une artiste visuelle qui est à l’initiative du groupe artistique « Pensez le foutur », fusion humoristique de « foutu » et « futur ». Localement, elle a créé un espace de réflexion permettant aux artistes de réfléchir à des « écogestes ».
À Nègrepelisse, en 2019, le centre d’art et de design La Cuisine a organisé une exposition ayant nécessité un transport sur 2500 km en camion et une mise en place au coût exorbitant. De ce périple est né le désir de créer sur place, en circuit court, afin de réduire au maximum leur empreinte environnementale. La Cuisine a donc défini un rayon de 150 km autour de la ville pour l’achat et la collecte des matériaux utilisés pour produire des œuvres.
À une soixantaine de kilomètres, Justine Vergès, illustratrice toulousaine, offre un autre exemple d’initiative locale. Voulant que son art fasse réfléchir sur le monde laissé aux futures générations, elle a illustré une campagne de sensibilisation sur l’utilisation du vélo urbain, puis a travaillé sur la campagne du Festival International du Film d’Environnement. Pour elle, « ce festival peut avoir un réel impact sur les citoyens, au travers de ses films et documentaires dans la sensibilisation, la diffusion et la réflexion autour du développement durable. De plus, il est gratuit et rend la culture et la science accessibles à tous ».
« L’écologie est l’enjeu du XXIe siècle. En tant qu’acteurs, c’est un devoir de l’intégrer dans nos pratiques au même titre que le tri de nos déchets », constate Barbara Noiret. Si l’industrie culturelle reconnaît de plus en plus son empreinte environnementale, les artistes qui prônent le changement rappellent que la collectivité peut avoir un impact.
Photo par Malika Alaoui