Plusieurs personnes issues du milieu de la culture ont eu l’occasion de se rencontrer dans le cadre du colloque « Médias, Culture, Tourisme et Résilience », organisé à Ouagadougou le 20 janvier dernier. Les différents intervenants et intervenantes ont pu mettre de l’avant le rôle capital des artistes en temps de crise, notamment en ce qui a trait à la promotion de la paix et de la cohésion sociale.
« La culture participe à la lutte contre l'extrémisme violent dans la mesure où la culture est une construction de la paix à travers les arts », souligne Dramane Konaté, docteur en sémiologie de littérature, culture et civilisation, et dramaturge. Il maintient que les artistes ont pour rôle, à travers leurs œuvres, de sensibiliser et conscientiser la population du Burkina Faso aux périls qu’affronte le pays.
Le pays d’Afrique de l’Ouest fait face à une multitude de défis depuis une dizaine d’années. Les coups d'État, l’instabilité politique et les attaques terroristes créent un contexte social difficile. Ces défis sont visibles au quotidien ; une soixantaine de personnes auraient été tuées lors d’un attentat djihadiste le 26 février dernier. Les autorités locales se tournent donc vers la culture et les médias pour contrer l'extrémisme religieux.
Selon M. Konaté, qui est d’ailleurs l’ancien président de la Société des auteurs, des gens de l’écrit et des savoirs (SAGES), les arts contribuent activement à prévenir l'extrémisme en faisant la promotion de valeurs cardinales, telles que le respect, la dignité humaine, l’hospitalité, la solidarité et l'intégrité. « La guerre naît dans l'esprit des hommes; c'est dans l'esprit des hommes qu'il faut ériger la paix », illustre le dramaturge.
La culture pour rejoindre les gens
Les arts sont un excellent moyen de toucher une tranche de la population peu intéressée par la politique, explique Serge Bambara, alias Smockey, musicien et cofondateur de l’important groupe de contestation Le balai Citoyen. « Ce qui parle souvent à la population, ce sont les images, ce sont les mots qui sont sincères, ce sont les émotions. [...] Et qui de mieux pour incarner les émotions que les artistes? », ajoute-t-il.
Alors qu'environ 70% de la population burkinabé est considérée comme analphabète, les arts permettent souvent de communiquer plus efficacement un message ou une consternation, mentionne Serge Bambara. « C’est un peu comme si vous aviez une pilule ou un médicament bien enrobé ; ça peut aider à mieux faire passer le message », explique-t-il au bout du fil.
Le colloque qui a eu lieu en janvier a permis de conclure que les artistes doivent assumer leur rôle de combattant contre la violence armée qui déchire le pays pour permettre un changement dans le climat social. « Citez-moi une histoire, un changement, une révolution qui a pu se passer des artistes, ce n'est pas possible », souligne M. Bambara.
Illustration: Élizabeth Martineau