Dans plusieurs sports professionnels, l’utilisation de statistiques avancées dans le dépistage des joueurs est devenue la norme, afin de ne pas passer à côté de joueurs dont le talent ne saute pas aux yeux.
Le concept des statistiques avancées est parfois difficile à saisir pour le partisan sportif moyen. Cette nouvelle tendance d’analyse sportive, qui priorise certains aspects du jeu dans des situations précises, est en voie de devenir indispensable aux yeux des équipes professionnelles.
Le soccer est l’un des sports où cette méthode d’évaluation s’implante. En Allemagne particulièrement, on retrouve des spécialistes des statistiques avancées tel que Lukas Keppler, qui a lancé sa propre compagnie d’évaluation des joueurs : Impect. Dans les dernières années, le nombre d’équipes demandant ses services a grandement augmenté, de quoi prouver l’importance grandissante des statistiques avancées dans le milieu : « [Elles] étaient déjà présentes il y a quelques années. […] Avant l’été 2018, nous étions surtout concentrés sur le marché allemand, mais depuis que nous avons lancé une plateforme de dépistage […] nous avons commencé à cibler des équipes en dehors de l’Allemagne », explique M. Keppler, qui indique avoir désormais des contrats au Japon et des clients potentiels en Amérique. Il avoue toutefois que les évaluations d’Impect se limitent à quatre aspects du jeu: le talent, le niveau de performance actuelle, le potentiel ainsi que la mentalité. « Les équipes qui sont en mesure d’évaluer toutes les facettes d’un joueur seront celles qui auront le plus de succès à long terme », avance-t-il.
Les débuts d’une mode
Ce point amené par M. Keppler est partagé par Jasmin Roy, dépisteur chez les Blue Jays de Toronto dans la Major League Baseball (MLB): « Tout le monde a les mêmes stats, il faut donc compléter avec le scouting [dépistage] traditionnel. Les équipes qui sont en mesure de développer un modèle qui jumelle les statistiques avancées avec l’information et l’évaluation traditionnelle s’en sortent le mieux ».
Le baseball est effectivement un autre sport où les statistiques avancées prennent de plus en plus de place dans le dépistage de joueurs. L’exemple le plus connu d’utilisation de la méthode est sans équivoque l’histoire qui a inspiré le film Moneyball.
En 2002, les Athletics d’Oakland et leur gérant Billy Beane se tournent vers la sabermétrie, qui analyse les performances des joueurs pendant les matchs. Beane choisit ainsi plusieurs de ses joueurs en fonction de leur capacité à se rendre sur les sentiers, peu importe la manière dont ils s’y prennent. Il met ainsi sous contrat plusieurs joueurs sous-estimés à des salaires minimes. Les Athletics remporteront par la suite le championnat de leur division, en plus de compter dans leurs rangs le joueur le plus utile, le meilleur lanceur et le meilleur releveur de la saison dans la ligue américaine. Cette stratégie a eu «beaucoup d’impact et de changement sur le recrutement, mais aussi sur l’utilisation des stratégies lors des parties», affirme M. Roy.
Quelque 18 ans plus tard, les statistiques avancées sont effectivement bien présentes. Dans tous les sports professionnels, et ce, peu importe à quel endroit sur la planète, ce sont les équipes qui les ignorent qui sont devenues les exceptions à la règle. Encore faut-il que ces équipes existent, car Jasmin Roy est catégorique: ce sont «toutes les équipes» qui les utilisent.
Photo: capture d'écran sur le site d'OptaSports