Lors de notre entrée au baccalauréat en journalisme à l’Université du Québec à Montréal, nous nous sommes beaucoup fait dire qu’il y avait « un taux de placement de presque 100% pour les diplômés ». Avec la crise actuelle des médias, c’est assez difficile de toujours croire à cette promesse.
De gros médias comme Radio-Canada et TVA suppriment des emplois, le journal Métro annonce sa fermeture du jour au lendemain et Meta bloque l’accès aux nouvelles au Canada.
Meta bloque l’accès à l’information. C’est grave. Pourquoi ne voit-on pas plus de manifestations à ce sujet? Facebook loue pourtant un petit bureau au centre-ville de Montréal. Qu’est-ce qui empêche la population d’aller se mobiliser devant leurs portes pour revendiquer le droit à l’information?
Peut-être qu’en fait, les seules personnes qui se soucient de ce droit du public à l’information, c'est nous, les journalistes. Oui, ce sont de fortes allégations, mais il faut comprendre que dans notre contexte post-pandémique, Monsieur et Madame Tout-le-Monde font beaucoup moins confiance aux médias.
La perte de confiance accentuée des citoyens et citoyennes
Selon une étude de l’Université de Sherbrooke et de l’Université d’Ottawa, 45% des répondants et des répondantes croient que les journalistes contribuent parfois à la création de fausses nouvelles. La professeure spécialisée en information, journalisme et communication publique Marie-Eve Carignan affirme qu’il y a « une perception d’un manque d’indépendance de la part des journalistes ». Elle ajoute que le journalisme d’opinion contribue également à cette fragilité.
C’est sûr que c’est difficile de faire confiance aux médias quand on voit les données rapportées par Le Devoir dans son dossier sur la désinformation. La journaliste Jasmine Legendre indique que dans une étude publiée en 2023 qui a analysé 15 médias locaux en Serbie sur une période de 28 jours, 559 informations fautives ont été trouvées sur 494 publications. C’est énorme.
Une crise des médias perpétuelle
Cette fameuse crise des médias, est-ce vraiment nouveau ? Pas vraiment. Les médias vivent une crise constante depuis bien avant notre entrée au baccalauréat.
Le professeur de journalisme à l’UQAM Jean-Hugues Roy nous a expliqué que ces événements arrivent souvent à la suite d’une crise économique. D'ailleurs, c’était également une période critique lorsqu’il est entré dans le milieu : « Quand j’ai commencé mon baccalauréat à Concordia, il était dur aussi de se trouver un emploi; j’étais le seul francophone, nous sommes deux à avoir été embauchés dans des médias ».
Cette crise, on la vit déjà à la moitié du baccalauréat en journalisme. Se faire la guerre aux stages pour avoir le plus beau curriculum vitæ, subir le stress de performance pour se créer le meilleur portfolio et être une marionnette qui ne sait pas dire « non » à n’importe quelle opportunité journalistique…
« Si tu es vraiment motivé et impliqué, c’est là que tu réussis à te faire une place dans le milieu », nous explique M. Roy. On nous dit souvent que ce qui compte dans un baccalauréat en communication, ce sont nos implications. Mais après tout, le problème, c’est qui ? Une poignée d’élèves qui espèrent avoir un emploi, une insuffisance de financement de la part du gouvernement ou un manque de confiance du public envers les médias ?
Illustration : DALL-E