Le kabaddi, un sport de contact en popularité croissante en Asie du Sud depuis la création de la ligue professionnelle de kabaddi (PKL) en 2014, possède des valeurs humanistes bien ancrées dans sa pratique. Certains croient que ce sport pourrait faire partie de la solution aux iniquités et discriminations en Inde.
Jusqu’à tout récemment, le kabaddi était absent des grands médias et inconnu du public. Apurv Gupta, membre de l'équipe originale qui a lancé la PKL et aujourd’hui dirigeant de la franchise des Warriors du Bengale, affirme que « traditionnellement, c’est surtout dans les petites villes et les zones rurales que l’on joue au kabaddi ».
Il explique que ce sport a traversé les millénaires depuis l’arrière-pays, porté par la culture locale. La survie de ce sport à travers le temps démontre ainsi une résilience « remarquable ».
La pratique du kabaddi enseigne des leçons de vie essentielles : « c’est littéralement un scénario “d’un [joueur] contre plusieurs”, c’est une merveilleuse façon de développer la confiance en soi, le travail d’équipe, la patience, mais surtout la résilience », souligne M. Gupta.
Le kabaddi est un sport d’équipe qui se joue officiellement à sept contre sept agençant tag, lutte et rugby. L’objectif est d’envoyer un joueur dénommé raider dans le territoire de l’équipe adverse afin de toucher les sept adversaires sans se faire attraper, tout en répétant « kabaddi », signifiant « retenir son souffle » en hindi. Le kabaddi, originaire du sous-continent indien, se pratique désormais dans toute l’Asie du Sud, au Japon et en Iran.
Symbole de diversité
La constitution de l’Inde interdit « la discrimination fondée sur la religion, la race, la caste, le sexe ou le lieu de naissance » depuis 1950 et la loi indienne de 1989 sur la prévention des atrocités protège les castes défavorisées contre les actes discriminatoires et haineux.
Pourtant, les crimes envers les castes et tribus socialement et économiquement désavantagées sont encore présents. Le rapport du National Crime Records Bureau (NCRB) paru en 2021 rapportait plus de 50 000 infractions qui violaient la loi de 1989.
M. Gupta mentionne qu’au sein de la formation des Warriors du Bengale, « les joueurs proviennent de plusieurs régions différentes de l’Inde, offrant une riche diversité. Plusieurs sont originaires des grandes villes comme Mumbai et d’autres sont natifs des campagnes et des villes rurales. »
Or, « le kabaddi nécessite une excellente cohésion d’équipe », explique le fondateur de la PKL. Ainsi, l’inclusion et la solidarité sont de mise pour surmonter les différences individuelles, culturelles et identitaires afin de créer une équipe unie, travaillant main dans la main pour réussir.
Symbole de féminisme
Le kabaddi joue un rôle clé dans la prévention des abus, discriminations et violences envers les femmes en Inde, un pays où l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prédit que 35% des femmes subiront une forme de violence conjugale au cours de leur vie.
Praajak, une organisation non gouvernementale (ONG) œuvrant dans la province indienne du Bengale-Occidental, utilise ce sport ancestral pour limiter ces violences en mettant sur pied des équipes compétitives féminines.
Promita Majumdar est une travailleuse sociale diplômée de la maîtrise en travail social, jeunesse et famille à l'Université de Washington à Saint-Louis, originaire de l'Inde. Dans un de ses articles, elle explique qu’à l’aide du kabaddi et de groupes de discussion sécuritaires, Praajak aide les adolescentes à développer leur confiance personnelle et mutuelle, leur coopération, leur communication, leur intelligence émotionnelle, leurs esprits critiques et créatifs ainsi que leur autonomie.
Ainsi, l’ONG bengalie a su aider près de 600 jeunes femmes à aller au-delà des barrières et des discriminations fondées sur le sexe pour devenir à leur tour des modèles pour leur communauté.
Bien qu’aucune ligue professionnelle féminine n’existe pour l’instant, Apurv Gupta souligne que « des discussions sont présentement en cours quant à la possibilité de donner aux femmes une plateforme professionnelle pour montrer leur talent. »
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