L’Assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) est un groupe de 5 arbitres vidéos qui revoit les séquences d’un match de soccer en direct afin de signaler à l’arbitre qui est sur le terrain une erreur claire et évidente manquée par ce dernier. La VAR doit rendre les rencontres plus justes, mais cette technologie est parfois controversée.
La VAR a fait son apparition dans le monde du soccer le 14 décembre 2016 lors d’un match de demi-finale de la Coupe du monde des clubs de la FIFA opposant l’Atlético Nacional aux Antlers de Kashima. L’arbitre hongrois Viktor Kassai s’est dirigé vers la reprise vidéo à la demi-heure de jeu afin de vérifier une faute soupçonnée. Après 30 secondes de consultation, Kassai accorde le premier tir de pénalité grâce à la VAR, qui sera converti par un milieu offensif de l’Antlers, Shoma Doi.
L’utilisation adéquate de la reprise vidéo
Les assistants à la reprise vidéo peuvent suggérer à l’arbitre principal de consulter l’écran lors de quatre situations précises:
- Ils peuvent conseiller à l’arbitre de revoir un but si une faute est commise sur la séquence ou s’il y a une situation de hors-jeu.
- L’arbitre principal peut revoir une séquence dans la surface de réparation afin d’observer toute faute commise, telle qu’un mauvais tacle ou une main qui toucherait au ballon.
- L’arbitre est invité à revoir une séquence afin de décerner un carton rouge, ou exceptionnellement le changer pour un carton jaune lorsqu'une faute est jugée trop sévère. - Les assistants peuvent inviter l’arbitre à la reprise vidéo s’il a accordé une faute au mauvais joueur. L’officiel principal pourra retirer le carton du mauvais joueur afin de le donner au joueur fautif.
« Je trouve que c’est une excellente addition au jeu », exprime la commentatrice sportive spécialisée dans le domaine du soccer Claudine Douville. Elle croit cependant qu’il ne faut pas en abuser, comme ce fut le cas lors de la première partie de la Coupe du monde féminine en 2019. Mme Douville reprochait à l’arbitrage de trop consulter la VAR, parfois même lorsque ce n’était pas nécessaire. « C’est un outil qui permet, et c’est pour ça à la base, de réparer ou d’empêcher des erreurs monumentales », explique-t-elle. La FIFA a ajusté le tir par la suite d’après elle.
Une arrivée controversée pour la VAR
Malgré que la reprise vidéo soit un outil qui permette de rendre le jeu plus juste, elle ne fait pas toujours l’unanimité. Ce fut le cas lors du match retour opposant Manchester City à Tottenham Hotspur en quart de finale de la Ligue des champions. L’équipe londonienne a remporté la série aller-retour par le score de 4-4, grâce aux trois buts marqués sur le terrain adverse. L’arbitre turc Cüneyt Çakır a consulté la reprise vidéo à deux reprises lors de la rencontre.
Fernando Llorente a compté le troisième but de la rencontre pour Tottenham, portant ainsi le score cumulatif à 4-3 pour les Spurs. L’arbitre VAR a conseillé à Çakir de consulter la reprise puisque le ballon a touché la main de Llorente. Selon le président du Manchester City Fan Club Montréal (MFCF), Kyle Breen, l’arbitre vidéo n’aurait pas montré le bon angle de reprise. Il aurait, selon les spéculations, présenté des angles où le ballon touche la cuisse et non le bras de l’attaquant espagnol.
Lors des minutes de jeu additionnelles, l’euphorie s’est déclenchée dans le stade lorsque les Citizens ont marqué le but de la victoire. Quelques instants plus tard, ce fut la consternation totale: le but avait été refusé dû à une position de hors-jeu d’un attaquant.
« S’ils [les arbitres] sont en faveur de l’utiliser pour les bons appels [VAR], je suis entièrement pour, mais c’était déchirant parce que c’était contre mon équipe », explique M. Breen.
De l’autre côté du Canada, le président d’un groupe de supporters de Tottenham en Colombie-Britannique nommé les Vancouver Spurs, Bill Daniel, s’est prononcé sur la VAR lors de cette même rencontre. M. Daniel a qualifié le but de Llorente comme étant «laid», mais il croit tout de même que c’était la bonne décision d’accorder le but puisque sa main était directement sur son corps.
Bill Daniel ajoute sur cette séquence que le contact n’était pas clair et évident. Les arbitres vidéos peuvent conseiller la reprise vidéo s’il y a une erreur évidente, comme ce fut le cas, selon lui.
« Objectivement, je n’ai aucun problème avec ces buts, explique le président de Vancouver Spurs, il [le ballon] a frappé sa main et le joueur n’a délibérément pas fait de contact volontaire, et on le constate dans la reprise qu’il n’avait aucune idée que le ballon l’avait frappé sur sa main ».
Une arrivée tardive
« Ça faisait des années, des années, des années que j’attendais ça! », se réjouit Claudine Douville. Elle mentionne que les reprises vidéos auraient définitivement changées certains événements majeurs. Ce fut le cas de l’Angleterre, qui a été éliminée par la marque de 4 à 1 contre l’Allemagne en huitième de final de la Coupe du monde en 2010. Un tir de Frank Lampard avait franchi la ligne du but, mais les arbitres avaient vu autrement, ce moment fut nommé le «ghost goal». The Three Lions avaient été déstabilisés pour le reste de la partie. Qui sait? Dans un scénario où la reprise vidéo aurait été présente lors de cette compétition, peut-être que l’Angleterre aurait mis la main sur leur première Coupe du monde depuis 1966.
Photo par Alizée Balleux