La catégorie du meilleur film international aux Oscars est désuète. Non seulement ce que l’Académie qualifie de film international est dépassé, mais la réglementation en place permet aux gouvernements de contrôler les films nommés aux Oscars et donc, d’imposer la façon dont les gens qui regardent ces films perçoivent leur pays.
Contrairement aux autres catégories, les nominations pour le meilleur film international sont déterminées selon une liste de candidatures soumises par les pays eux-mêmes. Chaque pays peut soumettre un film et chaque film ne peut représenter qu’un seul pays.
Ce système peut permettre aux pays de choisir le film le plus sujet à remporter un Oscar, mais cette méthode peut également ouvrir la porte à la censure ou à la répression des idéologies politiques et cinématographiques des réalisateurs. Et ce, surtout lorsque le processus de mise en nomination n’est pas rendu public par le pays.
C’est le cas, par exemple, de la Chine, qui ne dévoile ni sa manière de fonctionner ni ses jurés et qui soumet presque exclusivement des films mettant en lumière les exploits chinois. Résultat? La Chine n’a jamais remporté les honneurs.
Une catégorie désuète
Mais le problème est encore plus large. Simplement dit, les films internationaux sont laissés à eux-mêmes au sein d’une catégorie désuète. Pis encore, leur reconnaissance dans les autres catégories est presque inexistante. La toute petite place donnée aux films internationaux aux Oscars laisse planer une forme de mépris de la part de l’Académie pour les films provenant de l’étranger.
Jusqu’en 2020, aucun film non anglophone n’avait obtenu l’Oscar du meilleur film. Il aura fallu attendre jusqu’à la 96e cérémonie pour que Parasite par Bong Joon-ho remporte ce prix. Quelques années plus tard, Anatomie d’une chute et La zone d'intérêt, deux longs-métrages internationaux, étaient en lice pour ce même prix.
Lors de son discours en 2020, le réalisateur de Parasite avait déclaré : « Quand vous aurez surmonté la barrière d’un centimètre que sont les sous-titres, vous allez découvrir tant de films extraordinaires. » Sa victoire représentait un petit pas, c’est certain, mais un pas tout de même vers l’appréciation de films étrangers.
Encore probant en 2024
Prenons le cas du film Anatomie d’une chute qui a été nommé à cinq reprises aux Oscars cette année et a remporté un prix, sans être en lice pour l’Oscar du meilleur film international. Il s'agit sans aucun doute du film le plus avantageux pour la France, pourtant, le comité a choisi de soumettre La Passion de Dodin Bouffant.
La réalisatrice d’Anatomie d’une chute, Juliette Triet, lors de la remise de prix au Festival de Cannes, a prononcé un discours polarisant. Elle a d’abord dénoncé la façon dont le gouvernement français a « nié de façon choquante » la protestation contre la réforme des retraites. Puis, elle a affirmé que le gouvernement néolibéral défendait la « marchandisation de la culture » qui nuisait à la culture française d’exception. La ministre de la Culture française, Rima Abdul Malak, s’est dite « estomaquée par son discours si injuste » affirmant que ses propos étaient « ingrats et injustes ». Beaucoup de Français, déçus du choix du comité de sélection, perçoivent que les propos de Justine Triet pourraient avoir influencé le choix du comité.
L’exemple français est la preuve que cette catégorie ne fonctionne tout simplement pas. Même en France, pays démocratique, le contrôle gouvernemental impose des choix injustes. La catégorie est complètement désuète et révolue et il y a certainement une meilleure manière de faire briller le talent international.
Illustration : Pixabay/Kalhh