La construction d’un centre de données par l’entreprise Meta aux Pays-Bas suscite la controverse. Avec près de 200 centres de données qui puisent dans les réserves d'eau du territoire de la commune de Zeewolde pour s’alimenter, la communauté agricole s’inquiète.
« Le centre prévoit utiliser 2,3 millions de litres d’eau par année. C’est l’équivalent de l’utilisation en eau de 36 000 ménages », prévient le professeur d’administration publique de l’université Radboud aux Pays-Bas, Michiel de Vries.
Cette utilisation d’eau est nécessaire pour refroidir les tours de contrôle qui produisent énormément de chaleur.
Selon M. de Vries, l’eau potable est préférée, car sa propreté facilite le processus de nettoyage. Lors de son entrée dans les systèmes, elle est nettoyée par procédés chimiques et relâchée dans les canaux avoisinants. Cela diminue la disponibilité d’eau potable pour la communauté et contamine les champs agricoles. « Nous avons déjà de grands problèmes de sécheresses estivales depuis quelques années et nous ne voulons pas que ça empire », s’inquiète-t-il.
Tension électrique et paysage menacé
La consommation d’électricité pose aussi problème : « Le centre de données consommerait 1,38 térawatt d'électricité par an. C’est l’équivalent en énergie de tous les ménages de la ville d’Amsterdam », indique le professeur. Cela met une pression sur l’approvisionnement d’énergie renouvelable aux Pays-Bas, qui cherchent pourtant à réduire leur gaz à effet de serre.
Plusieurs agriculteurs craignent de perdre leur beau paysage en raison de la taille du projet, estimée à 10 000 pieds carrés. « La vue sera complètement détruite si nous acceptons ce projet », critique M. de Vries. Les villageois sont aussi inquiets du bruit émis lors du processus de refroidissement qui est comparable à un train roulant près d’une maison.
Contradiction gouvernementale
« Les habitants des Pays-Bas sont découragés par le gouvernement qui n’est pas cohérent dans ce qu’il dit », déclare le professeur de Vries. En effet, la politique nationale sur les centres de données précise que les centres doivent être placés aux frontières, mais Zeewolde est une commune au milieu du pays.
Lars Ruiter, ingénieur alimentaire et conseiller municipal de Hollands Kroon, remarque une autre fausse promesse gouvernementale. L’énergie résiduelle produite par les centres de données devait être utilisée pour chauffer des serres jusqu’à 45 degrés. Cependant, la température ne s’élève qu’à 25 degrés.
Christine Teunissen, chef du parti voor de Dieren, qui milite pour l'environnement, a présenté une motion mentionnant que le projet était « un lourd fardeau sur les approvisionnements en énergie, les terres agricoles fertiles et les ressources en eau ».
« En ce moment, 30% de la consommation d'électricité de l’Irlande sont utilisés par les centres de données, déplore M. de Vries. On ne veut pas devenir comme eux ». Il ajoute que les retombées ne sont pas positives : les centres de données n'offrent pas de grandes possibilités d’emplois, les profits sont moindres et l’espace utilisé est énorme.
Lars Ruiter pense quant à lui que ces centres devraient trouver un moyen de produire leur propre énergie et s’installer dans des régions du monde où la population est moins dense comme le Canada ou l’Islande.
Illustration : Manon Beauchemin