Une étude britannique publiée dans la revue scientifique Nature, le 1er janvier 2020, démontre qu'une intelligence artificielle créée par Google serait plus efficace lorsqu’elle travaille de pair avec les médecins que les spécialistes de la santé seuls pour détecter le cancer du sein.
À l’origine de cette étude, le Dr Dominic King et l’équipe de Google Health ont créé une intelligence artificielle (IA) capable de détecter le cancer du sein en interprétant les mammographies. L’algorithme LYNA (LYmph Node Assistant), utilisé pour créer l’IA, permet une plus grande précision et offre des diagnostics plus rapidement, détrônant les experts. À la suite de tests réalisés, les scientifiques ont pu noter des réductions significatives des faux positifs, soit près de 5,7% aux États-Unis et 1,2% au Royaume-Uni, ainsi que 9,4% et 2,7% pour les faux négatifs, respectivement. De plus, des études complémentaires ont montré la capacité de l’IA à atteindre, et même à dépasser, les performances des médecins, notamment sur plusieurs tâches d’analyse d’images de mammographie.
Toujours selon cette étude, grâce à l’algorithme LYNA, l’IA a réussi à localiser des cancers et identifier des régions suspectes, où un cancer imperceptible peut éventuellement se développer, certaines étant trop petites pour être détectées par les pathologistes. En ce qui concerne les diagnostics, les radiologues assistés de LYNA avaient une plus grande précision que les médecins ne l’ayant pas utilisé. Les résultats étaient aussi plus précis lorsque le médecin et l’algorithme faisaient équipe que lorsque ce dernier était utilisé seul. Pour les scientifiques, il est donc encourageant de constater que les pathologistes et l’IA peuvent travailler ensemble de manière plus efficace et plus précise pour obtenir de meilleurs résultats.
À long terme, avec l’évolution de l’IA, l’accès aux soins de haute qualité pourrait être amélioré et la charge de travail que demande le processus de double lecture, à savoir la double vérification des images interprétées par les experts, pourrait être allégée.
Des patients et des médecins confiants
Du côté des patients, l’espoir et la confiance sont palpables. Pour Josette et Daniel Berthier, un couple de Français anciennement touché par l’un des cancers les plus mortels, la confiance envers cette IA est totale. S’il avait été possible pour Mme Berthier de se faire dépister plus tôt, c’est sans aucun doute qu’elle aurait accepté de placer son diagnostic entre les mains d’un robot, affirme-t-elle. Le couple reste confiant quant à l’avenir de la médecine et de ses progrès, notamment dans le domaine technologique. « C’est un peu comme la robotique dans d’autres domaines, il ne faut pas que l’aspect humain soit déconnecté. La robotique n’est qu’un outil, un excellent outil, mais avec une réserve. Il y a de grandes avancées, ils vont trouver », affirment-ils en choeur.
En ce qui concerne le spécialiste en immunologie, oncologie et radiothérapie, Dr Kam Kafi, l’intelligence artificielle serait bénéfique pour les médecins. En supprimant des tâches de moindre importance, cela leur permettrait d’accorder leur temps et leur énergie à des tâches plus sensibles, notamment au niveau de l’accompagnement des patients.
Toujours selon le Dr Kafi qui est aussi directeur du département d’Oncologie et Stratégie clinique chez Imagia, une clinique spécialisée en IA à Montréal, l’intelligence artificielle pourrait devenir la technologie qui permettrait de comprendre des modèles de données très complexes et de fournir des soins de santé personnalisés. L’IA est donc une solution envers laquelle il est optimiste et confiant, même s’il rappelle cependant qu’il ne faut pas perdre de vue le côté humain, comme le mentionnaient Josette et Daniel Berthier. Pour lui, « le travail du docteur sera de s’assurer que la décision ou la prédiction de l’intelligence artificielle sur un patient est la meilleure, ou n’est pas une erreur, de faire des tests de santé mais surtout, de soutenir les patients. »
Illustration par Édouard Desroches