En 2018, Donald Trump retire les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et impose le retour de sanctions contre l’Iran, pour empêcher qu’il développe une arme nucléaire. Depuis, l’Iran, qui possède de l’uranium et des centrales nucléaires, accélère la recherche et augmente ses niveaux d’enrichissement, se rapprochant de l’arme la plus dangereuse au monde.
« L’Iran a déjà la capacité nécessaire pour fabriquer une bombe », explique Michel Fortmann, spécialiste en stratégie nucléaire et cofondateur du Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale.
Cela est notamment dû au fait que le principe d’une centrale nucléaire civile est le même que celui d’une centrale militaire: l’utilisation de l’énergie issue de la séparation d’atomes d’uranium, pour produire de l’électricité ou une explosion nucléaire. La transformation du civil au militaire est donc très facile.
La principale différence entre les centrales est leur niveau d’enrichissement. L’enrichissement consiste à concentrer l’isotope d’uranium 235 (U-235), présent naturellement à moins d’1% dans le minerai. La fission de l’atome d’U-235 produit une quantité considérable d’énergie, contrairement à l’uranium 238, qui compose la majorité du minerai d’uranium.
Pour enrichir, on rend d’abord gazeux le minerai qu’on soumet ensuite à une cascade de centrifugeuses. Le processus permet d’isoler un gaz contenant de plus en plus d’U-235, qui est ensuite re-transformé à l’état solide. Pour produire de l’énergie nucléaire, on doit enrichir l’uranium entre 3% et 5%. Pour une bombe, le niveau idéal se situe à 90%.
Si l’Iran produit une bombe, M. Fortmann prévoit « une cascade de prolifération [nucléaire] » dans la région, ajoutant qu’« un Moyen-Orient nucléarisé augmenterait de façon très significative le risque que l’arme nucléaire soit utilisée en cas de crise ».
Un accord qui ne tient plus
Signé en 2015 par les États-Unis, l’Union européenne et l’Iran, l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien prévoyait la fin des sanctions contre Téhéran en échange de mesures concrètes pour empêcher le pays d’acquérir une bombe.
Le plafond d’enrichissement de l’uranium était l’une des principales mesures. Fixé à 3,67%, ce niveau permettait à l’Iran de produire de l’électricité, mais était insuffisant pour une bombe. George Perkovich, expert en stratégie nucléaire à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, explique que c’est « la décision du président Trump de se retirer de l’accord [qui] a rendu obsolète la limite ».
Téhéran a ainsi commencé à enrichir jusqu’à 60%, comme l’a confirmé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’AIEA a aussi rapporté que l’Iran a augmenté sa production de métal d’uranium. Bien que très pratique dans la production d’armes nucléaires, le métal d’uranium « ne comporte aucune utilité civile crédible », selon l’Institut pour la science et la sécurité internationale (ISIS).
Situation radioactive au Moyen-Orient
Si l’Iran produit une bombe, M. Fortmann prévoit « une cascade de prolifération [nucléaire] » dans la région, ajoutant qu’« un Moyen-Orient nucléarisé augmenterait de façon très significative le risque que l’arme nucléaire soit utilisée en cas de crise ».
L’Arabie saoudite, qui livre depuis plusieurs années une guerre froide à l’Iran, « répondrait très probablement au développement d’une bombe iranienne par le développement ou l’acquisition d’une bombe saoudienne », selon M. Perkovich.
Ce dernier soutient cependant que « ça ne vaut probablement même pas la peine pour l’Iran de fabriquer une bombe nucléaire », ajoutant qu’il ne pourrait le faire « sans qu’Israël, et possiblement les États-Unis, [ne] lui déclare la guerre ».
Photo: Malika Alaoui