Partie intégrante de l’identité d’une équipe de soccer, les partisans unissent voix et cœur afin de communiquer avec les équipes. C’est en unissant leurs efforts que certains adeptes fabriquent d’énormes banderoles, appelées tifos, qui sont fièrement présentées avant et pendant les matchs.
Les tifos sont d’imposantes banderoles généralement affichées dans les stades de soccer. Selon Tony Martino, l’un des membres de 1642MTL, un groupe de partisans situé dans la section 114 du domicile de l’Impact de Montréal, le stade Saputo, le but du tifo est d’envoyer un important message pour soulever les joueurs et la foule.
«Parfois, ça peut être simplement pour souligner, remercier ou honorer quelqu’un. Par exemple, pour le 25e anniversaire du club et pour l’association entre [le propriétaire] Joey Saputo et [le président] Kevin Gilmore, on a utilisé plusieurs messages qui remerciaient Joey et accueillaient Kevin. En même temps, c’est clair qu’on cherche à être coloré. Souvent, on va avoir des tifos qui vont taquiner directement l’adversaire. On s’amuse avec ça!», souligne M. Martino.
Bien qu’elles soient visuellement intéressantes pour l'image d'une équipe, ces bannières géantes nécessitent du financement. Comme 1642MTL est un groupe indépendant de l’Impact, les membres doivent vendre de la marchandise ainsi que des abonnements afin de s’autofinancer en tant que fidèles du Bleu-Blanc-Noir.
Construire un tifo d’envergure est un défi considérable en soi. Il faut d'abord trouver une idée originale, qui s’inspire souvent de l’actualité au sujet de l’équipe et qui fait consensus. Selon M. Martino, son groupe aurait cumulé près de 320 heures, étalées sur six semaines de travail collectif dans un grand atelier, pour préparer une banderole de 40 pieds de longueur et de 80 pieds de largeur qui a été utilisée lors du dernier match de l’Impact de la saison 2018.
Pour Tony Martino, 1642MTL est un groupe dans lequel les membres partagent une passion pour le soccer et pour l’Impact de Montréal. Il explique: «Parfois, je me rends [dans le stade] seul. Avant d’avoir rejoint le groupe, je n’aurais pas fait ça. Dès que j’y mets les pieds, je salue entre 50 et 100 personnes avant de me rendre dans ma section.»
Sur les lignes de touche
Bien que les tifos et les chants se produisent dans les gradins, l’intention reste d’atteindre les joueurs.
Selon le journaliste responsable de la couverture de l’Impact pour TVA Sports, Nicolas A. Martineau, les tifos concernent en grande partie les partisans, car les joueurs, lorsqu’ils sont sur le terrain, entrent dans une bulle opaque et ne prennent pas conscience de l’action qui se déroule dans les tribunes. Cependant, les chants sont indéniablement une dose d’énergie positive pour eux. Constamment sur les lignes de touche, le journaliste est aux premières loges pour observer les échanges entre la foule et les joueurs.
Selon lui, l’engagement des partisans motive les joueurs, qui ressentent qu’ils ont le devoir de leur offrir un match de qualité. Il cite Atlanta, Portland et Seattle, trois grandes équipes qui jouent dans la même ligue que l’Impact, chez qui les performances sont à la hauteur des encouragements reçus.
«Les chants durant un match de soccer rendent ce sport unique, plus spécialement en Amérique du Nord. [...] Les partisans de football américain, de hockey ou de basketball ne vivent pas une expérience similaire. Au soccer, pas besoin de DJ, pas besoin d’écran géant, pas besoin de “tam tam cam”. L’ambiance est organique et ça rend ce sport unique et fantastique», ajoute le journaliste sportif.
Il arrive régulièrement que les admirateurs chantent des éloges à un joueur précis. M. Martino et les autres membres de 1642MTL créent des chants personnalisés lorsqu’un joueur se démarque particulièrement. Le jeune attaquant Lassi Lappalainen a, par exemple, reçu de telles louanges quand il a marqué deux buts à son tout premier match avec l’équipe. Les partisans avaient alors chanté: «Lassi is on fire!»
L’ancien défenseur latéral droit du Bleu-Blanc-Noir, Hassoun Camara, explique l’effet qu’ont les chants sur les joueurs: «C’est galvanisant [...], tu as l’impression de recevoir un traitement particulier et de te retrouver dans le coeur des partisans. C’est quelque chose de gratifiant [que] d’avoir cette reconnaissance du travail accompli».
Au-delà du sport
Les tifos ont le pouvoir de lancer des messages aux équipes ainsi qu’à leurs dirigeants. Puisque les parties sont télédiffusées, les messages ont une portée encore plus grande. Lors de son arrivée en première division italienne, l’attaquant belge Romelu Lukaku a été victime de racisme de la part d’un groupe de partisans. Le groupe 1642MTL avait alors fait un tifo afin de montrer son appui au joueur. Selon Nicolas Martineau, il s’agit d’une occasion d’exposer les situations déplorables et de regrouper plusieurs individus et ce, peu importe leurs différences.