Depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan, il y a déjà trois ans, la situation des femmes dans ce pays ne cesse de se détériorer. Nous craignons pour l’avenir de ces femmes forcées de se soumettre à des lois inhumaines.
Le dégoût. C’est ce que l’on ressent lorsqu’on est confrontées à la condition des femmes en Afghanistan.
Depuis le mois d’août, les femmes ne peuvent plus lire ou chanter en public. Elles doivent couvrir leur visage si elles quittent leur domicile. Les fillettes sont forcées de renoncer à leur éducation après la sixième année du primaire, parce qu’une femme éduquée est dangereuse sous le régime des talibans. En octobre, il est annoncé que les femmes n’auront plus le droit de s’adresser la parole entre elles ou de réciter leurs prières en présence d’autres femmes.
« Aujourd’hui à Kaboul, une chatte a plus de droits qu’une femme », annonce l’actrice américaine Meryl Streep, lors d’une conférence des Nations Unies. La chatte n’est pas cloisonnée chez elle ni privée d’entendre la voix de ses sœurs. Pendant que la chatte se promène librement dans les rues de la capitale, le museau à découvert et les poils dans le vent, la femme afghane, elle, perd progressivement le peu de liberté qu’il lui reste.
Apartheid de genre
À travers leur régime, les talibans ont aussi imposé des restrictions aux hommes : ils ne peuvent pas regarder le corps ou le visage d’une femme ne faisant pas partie de leur famille, ni raser leur barbe ou rater des prières. Ils doivent porter des vêtements amples pendant des activités physiques.
Mais l’homme a le droit de parler.
Les politiques des talibans sont le parfait exemple de ce qu’est la misogynie, soit l’« hostilité ou mépris envers les femmes », d’après Le Petit Robert. Ces lois dénigrent et dévalorisent les femmes. Contrairement aux hommes, les femmes perdent un droit fondamental : la liberté. Leur liberté de parler, de s’habiller comme elles souhaitent et d’exister est arrachée de leurs mains par les talibans et leurs politiques déshumanisantes. À leurs yeux, la femme afghane est inférieure à l’homme.
Nous faisons face à un apartheid de genre.
Même si l’apartheid réfère au régime de ségrégation systématique présent en Afrique du Sud de 1948 à 1991, ce terme est maintenant employé pour parler de toute forme de ségrégation.
Parce que oui, en plus d’être victimes d’un régime misogyne et sexiste, elles sont ségréguées. Jamais deux sans trois. Les femmes ne peuvent plus œuvrer dans les domaines politiques et dans la fonction publique, limitant leur capacité à travailler. Ainsi forcées à rester chez elles, elles ne peuvent sortir qu’à condition que le déplacement soit nécessaire et qu’elles soient accompagnées d’un homme pour les longs trajets. La femme afghane est divisée et séparée du reste de la société : les talibans tentent de les assujettir afin qu’elles mènent des vies de prisonnières.
Bien que certains pays reconnaissent une violation des droits fondamentaux des femmes, la communauté internationale demeure encore loin de qualifier la situation d'apartheid de genre.
Misogynie à l’international
À la suite de la victoire de Trump aux élections américaines, les masculinistes ont pris grand plaisir à exprimer leur rancœur envers la gente féminine. Andrew Tate, un influenceur principalement connu pour ses propos misogynes en ligne, a loué cette consécration présidentielle : « Le patriarcat est de retour » et « Les femmes ne devraient pas avoir le droit de voter », peut-on lire sur la plateforme X.
Sur TikTok, Instagram, ou Facebook, un discours masculiniste se répand sous les publications des femmes : « Ton corps, mon choix ». L’expression sexiste fait référence au mouvement antiavortement véhiculé par Trump pendant sa campagne électorale, qui a manifestement atteint son public cible.
Ce serait trop beau de croire que ce discours est exclusif à l’internet. La haine envers les femmes transcende les frontières numériques pour venir s’implanter dans les esprits des hommes qui composent notre entourage.
À travers nos écrans, nous sommes solidaires envers nos sœurs afghanes qui se battent pour le simple droit de pouvoir s’exprimer. Nous continuerons de crier à l’injustice tant qu’elles seront forcées au silence.
Il ne s’agit pas ici de différentes mœurs et valeurs culturelles, ces atteintes aux droits des femmes sont si sévères qu’elles transgressent toutes barrières que le relativisme culturel pourrait poser.
La situation en Afghanistan représente un recul pour le féminisme à travers le monde, et nous devrions nous sentir autant concernées que si ces législations étaient passées au Canada. Ce n’est pas parce que l’Occident n’est pas concerné que nous devons détourner le regard.
Loin des yeux, mais proche du cœur.
Crédit photo : Zach Weaver