Au dernier jour de ce soulèvement populaire, Hosni Moubarak est tombé, mettant fin à trente ans de présidence. Si les cris de joie ont résonné en ce 11 février 2011, le pays a aujourd’hui troqué ses aspirations contre un régime militaire peu enviable.
L’Égypte du président Abdel Fattah al-Sissi n’a rien de prometteur. Amnistie internationale dénonce depuis plusieurs années « une prison à ciel ouvert » alors que les arrestations arbitraires rythment le quotidien de la population. La répression augmente au détriment de la liberté d’expression qui, elle, s’amenuise petit à petit.
Le bilan est lourd en matière de droits de la personne pour ce pays arabe. « Pour les seuls mois d’octobre et de novembre [2020], les autorités égyptiennes ont exécuté au moins 57 hommes et femmes, près du double des 32 exécutions recensées tout au long de l’année 2019 », déplore Amnistie internationale. L’organisation non gouvernementale souligne que ces chiffres sont hypothétiques puisque le gouvernement ne divulgue pas le nombre d’exécutions, probablement plus élevé que les estimations.
Le cri des Égyptiennes
À l’aube du Printemps arabe, qui a secoué le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord il y a dix ans, les militantes égyptiennes étaient pleines d’espoir. Pour ces femmes, c’était l’occasion de s’émanciper. Pourtant, la gaieté des premiers rassemblements s'est rapidement essoufflée.
Si les violences contre les femmes étaient tues avant la révolution, les nombreux viols de la place Tahrir ont permis un éveil des consciences. Depuis, les mouvements féministes ont pris de l’ampleur. En 2020, le #moiaussi a repris vie en Égypte, quand des survivantes ont trouvé le courage de dénoncer les agressions sexuelles dont elles ont été victimes.
En 2013, une étude de la fondation Thomson Reuters, qui compare les conditions des femmes dans les pays arabes, plaçait l'Égypte au dernier rang. Depuis, la situation ne s’est guère améliorée et au moins 15 influenceuses ont été arrêtées dans la dernière année seulement pour violation des mœurs et des valeurs familiales, selon le Rapport mondial 2021 de Human Rights Watch.
Le règne d’al-Sissi devrait s’achever au plus tard en 2030, mais il n’est certainement pas à l’abri d’une révolution menée par un peuple épuisé par la répression.
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