Le programme Sport Coach + a été lancé à l’hiver 2024 dans le but de former et soutenir des entraîneurs et entraîneuses sportifs et sportives qui travaillent avec de jeunes victimes du déplacement de population en raison de la guerre. Au départ centrée sur les jeunes d’Ukraine ayant dû quitter leur chez-soi, l’initiative a trouvé preneurs dans divers pays européens.
« Notre objectif est de fournir aux entraîneurs les compétences, les connaissances et les techniques nécessaires pour comprendre l'impact que des expériences stressantes peuvent avoir sur les jeunes joueurs », explique le maître formateur du programme et conseiller en santé mentale et soutien psychosocial, Guleed Dualeh.
Trois jours bien utiles
Sven Spannekrebs est un entraîneur allemand. Il enseigne la natation et a cocréé la Fondation Yusra Mardini, dont l’objectif est de promouvoir l’accès au sport pour les communautés de réfugié(e)s à travers le monde. M. Spannekrebs a reçu la formation en novembre 2024. Il s'agissait d'un séminaire de trois jours en groupe de 20 à 25 personnes, note-t-il.
Au quotidien, les apprentissages qu’il a reçus lors de ce séminaire lui servent énormément. « J'entraîne des jeunes de 12 à 17 ans. Parfois, il y a de la compétition entre eux. Certains ont des parents qui divorcent. D’autres ont perdu leurs grands-parents », confie M. Spannekrebs. Il faut donc qu’il crée un environnement où les jeunes se sentent en sécurité, ce que Sport Coach + lui a enseigné.
Une formation complète
Durant la formation offerte par Sport Coach +, les entraîneurs et entraîneuses sont sensibilisé(e)s à un ensemble de situations et d’enjeux, comme les droits de l'enfant, les handicaps et l’inclusion. Ils et elles reçoivent, par exemple, des cours sur le sport et les premiers soins pour les jeunes en situation de handicap.
L’aspect psychologique des jeunes - autant leur développement psychologique naturel que leurs traumatismes reliés à leur expérience de réfugiés - est primordial dans la formation que propose Sport Coach +. « Des professionnels de la santé mentale [comme Guleed Dualeh] sont impliqués dans le programme, que ce soit en tant que maîtres formateurs ou entraîneurs. Certains viennent également du milieu social, comme des travailleurs sociaux ou des psychothérapeutes », mentionne la coordonnatrice aux communications de la Fondation olympique du refuge, Mavi Ozkalipci.
Le programme ne s’adresse cependant pas à un seul type d’instructeur et d’instructrice. « Il peut s'agir d'entraîneurs sportifs qui travaillent dans des clubs locaux et qui veulent acquérir des compétences pour mettre en place des sports sécuritaires et favorables à l'inclusion et à la diversité », souligne Guleed Dualeh. Selon lui, l'essentiel est d'avoir envie d'en savoir plus sur la façon de mettre en place des sports motivants et adaptés aux jeunes réfugié(e)s.
La genèse du projet
Le programme est né dans le contexte de la guerre en Ukraine. Leslie Snider de l’Olympic Refuge Foundation (ORF), Melanie Powell de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), et Megan Bartlett du Centre pour la guérison et la justice par le sport (CHJS) se sont réunies à l’hiver 2023 pour rédiger les grandes lignes du projet de formation. Au printemps 2023, le projet pilote voit le jour.
L’objectif du projet était de venir en aide aux jeunes réfugié(e)s ukrainien(ne)s en concentrant leurs efforts dans les pays avoisinants. « On est d’abord allé en Bulgarie et en Tchéquie, plus précisément à Sofia et Prague, qui ont été les deux premières villes où des coaches ont pu recevoir notre formation », indique Mavi Ozkalipci, coordonnatrice aux communications de l’ORF.
Cette première phase du projet a eu lieu en mars 2024 et a engendré des résultats positifs. Les maîtres formateurs et formatrices de Sport Coach + ont donc, ensuite, voyagé en Roumanie, en Allemagne, en Pologne, en Moldavie et en Tchéquie pour enseigner le programme à plus d’entraîneurs et entraîneuses.
La formation est adaptée à chaque pays dans lequel elle est donnée. « Certains pays sont très habitués à parler de santé mentale et de soutien psychosocial », observe Guleed Dualeh. Il explique notamment que lors de leur formation au Comité national olympique allemand, les maîtres formateurs et formatrices ont réalisé que l’élément de la santé mentale était très peu connu des entraîneurs et des entraîneuses là-bas. Ils ont donc dû revoir leurs enseignements pour renforcer le côté psychosocial de l’encadrement sportif.
Aujourd’hui, le programme Sport Coach + compte 95 maîtres formateurs et formatrices et a formé 473 entraîneurs et entraîneuses sportifs et sportives en Europe. Le projet, qui visait au départ les jeunes réfugié(e)s ukrainien(ne)s, a pris son envol et trouve maintenant refuge dans plusieurs pays d’Europe.
Photo: Erkan Kirdar