La peste, qui a complètement disparu d’Europe, semble impossible à éradiquer sur les hauts plateaux de Madagascar. L’institut Pasteur, un centre de recherche biomédicale international en première ligne de la lutte contre la peste pulmonaire sur l’île, met tout en place pour prévenir une nouvelle épidémie.
À Madagascar, la peste est chronique sur les hauts plateaux de plus de 800 mètres d’altitude et survient chaque année entre septembre et avril, d’après un rapport de l’université de Liège, en Belgique.
Actuellement, des millions de rats sont porteurs de puces qui transmettent la maladie. Seule l’élimination des rongeurs parviendra à éradiquer la maladie, selon le chercheur à l’Institut Pasteur et membre du groupe international d’experts de l’OMS sur la peste Javier Pizarro-Cerda.
Une maladie tenace
Anne Moreau, une expatriée française qui a habité à Madagascar entre 2010 et 2013, estime que la peste se propage en milieu urbain, en raison de la densité de la population et de la proximité entre l’homme et le rat. L’Institut Pasteur est en première ligne pour identifier les cas de peste et limiter les villages infectés. Toutefois, « ce n’est pas parce qu’on circonscrit la peste qu’on l’éradique », ajoute Mme Moreau.
Dans ces régions, l’augmentation du nombre de cas coïncide avec la hausse du taux d’humidité et des températures. La saison des pluies favorise la prolifération des puces porteuses de la maladie et les périodes de récoltes favorisent la migration des rats porteurs de puces vers les habitations humaines, selon l’Institut Pasteur.
Selon Anne Moreau, si la peste résiste encore aujourd’hui, c’est aussi parce qu’elle touche des populations vulnérables qui n’ont pas les moyens de quitter l’île. Le tourisme étant très peu développé à Madagascar, il devient moins probable que la maladie se propage dans les pays voisins.
Des précautions inefficaces
Pour lutter contre la peste, il est indispensable de porter un masque et d’isoler les personnes malades au plus vite, assure Javier Pizarro-Cerda. Cependant, les symptômes de la peste pulmonaire, comme la toux et la fièvre, sont communs; ils peuvent être confondus avec ceux d’autres maladies.
« Certaines personnes ne déclarent pas leur maladie par honte et d’autres cachent une personne atteinte de la peste, déclare M. Pizarro-Cerda. Après, si on parle d’un village isolé, peut-être qu’une personne dans la famille va isoler la personne malade. Mais il n’y aura pas forcément de communication pour empêcher d’autres personnes de se protéger. »
La meilleure façon de lutter contre une maladie hautement contagieuse est de proposer des mesures préventives efficaces en cas de résurgence, estime Anne Moreau. Puisque la population de Madagascar ne quitte pas l’île, la maladie ne peut se propager ailleurs. « La peste sur l’île en fait donc un problème exclusivement malgache », conclut-elle.
Photo : Florence Beaudoin