Le mouvement Black Lives Matter, qui a éclos en 2013, a vu son hashtag et son idéologie se populariser en réponse à la mort de l’Afro-Américain George Floyd sous la violence policière. De là, a jailli une vague de sensibilisation : la place accordée aux personnes des minorités visibles dans les médias se fait maintenant écho dans la sphère culturelle et, plus spécifiquement, à l’écran.
La nouvelle série La Chronique des Bridgerton, qui met en scène le quotidien de la haute société londonienne lors de la Régence anglaise (1811-1820), s’est fait remarquer pour sa distribution hétéroclite: un nombre important de personnes issues de la diversité ethnique dans des rôles clés, comme la reine d'Angleterre et le duc d'Hastings. Seulement quatre semaines après son lancement, la série télévisée produite par Shonda Rhimes, connue notamment pour l’émission à succès Grey’s Anatomy, a été visionnée 82 millions de fois dans les foyers, un record pour la plateforme de diffusion Netflix.
Parallèlement, une autre série télévisée diffusée sur Netflix en ce début d'année 2021 raconte le récit d’Assane Diop (incarné par Omar Sy), un fils d’immigré, admirateur du personnage Arsène Lupin. Lupin est la première série française à s'être retrouvée dans le top 10 des œuvres ayant récolté le plus de vues sur Netflix aux États-Unis.
Quand l’industrie répond à la demande
On peut observer que la culture avance tranquillement vers un semblant d’équité en termes de représentation. Ces taux de popularité témoignent indéniablement de cette prise de conscience au sujet de l’importance et de la plus-value de la représentativité dans nos écrans. De voir ces visages qui nous rappellent le multiculturalisme dans lequel nous avons la chance d’évoluer est réjouissant. Difficile d’imaginer les sentiments que peut éprouver une communauté qui subit les contrecoups de la sous-représentation en s’identifiant enfin à l’écran.
Au Québec, la réflexion permet assurément d’amorcer un changement de mentalité et de façon de faire.
On le remarque, ne serait-ce que par les discussions, les dénonciations et les débats qui sont survenus dans l’actualité depuis l’été 2020, comme les circonstances de la mort de Joyce Echaquan et l’utilisation du mot en N, entre autres.
Certaines productions culturelles québécoises, comme le Bye Bye 2020, sont teintées de ces réflexions. L’émission a notamment dénoncé les conditions des artistes noirs, autochtones et d’autres couleurs dans le processus d’auditions au Québec, un épisode visionné par 4 662 000 personnes. De plus, le Canada a inauguré sa première chaîne de télévision en langue inuite le 18 janvier dernier : Uvagut TV. Ces initiatives témoignent de la puissance des réseaux de diffusion dans la préservation d’une identité et d’un partage culturels.
Ainsi, un nombre grandissant de médiums appuie ce message d'inclusivité et pousse ceux et celles qui n’y sont pas normalement confrontés et confrontées à mieux comprendre et à respecter les différences. La culture se veut le miroir d’une société : remédier à ses angles morts est une urgence qui a trop souvent été négligée. Puisse ce travail de collectivité croître rapidement pour offrir aux consommateurs et consommatrices de la culture des produits dignes de l’humanité, c’est-à-dire où tous et toutes sont au rendez-vous.
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